Nous vous présentons ce festival en trois temps tellement ce dernier est riche. Notre premier voyage explique qui est Alphadi et le festival qu’il a créé. Le deuxième nous transportera auprès des jeunes talents africains avec un regard sur le gagnant de cette édition porteur de la marque « Afro Chic ». Enfin nous nous rendrons auprès de celles et ceux qui affirment leur talents sur la scène internationale depuis de nombreuses années (Défilé de la nuit des 5 continents et Défilé de La Nuit Panafricaine).
Le Festival International de la Mode Africaine (FIMA) s’est tenu du 07 au 10 décembre 2022 au Palais de Chellah* haut lieu historique de Rabat, ville désignée capitale africaine de la culture par la CGLU Afrique.
Cette 14ème édition du festival international de la mode africaine placée sous le thème : la synergie des cultures pour le développement de l’Afrique a réuni plusieurs centaines de participants venus de plus de 42 pays. Des colloques, trois soirées de défilés, des concours et des expositions ont ponctué ces 4 jours.
Et que dire de ce festival créé il y a par Alphadi* désigné en 2015 « artiste de la paix pour l’Unesco », ambassadeur de bonne ans volonté de l’Unesco pour l’innovation et la création africaine et membre des Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLU Afrique).
Sinon que cet homme, créateur de mode reconnu sur la scène internationale, entrepreneur a eu le génie de développer une idée un projet il y a 24 années, malgré de nombreuses difficultés.
Objectifs : l’Education et la Jeunesse africaine
“Nous voulons montrer que la mode est une industrie qui va amener l’Afrique très loin. La beauté c’est l’amour, ce sont les couleurs. L’Afrique ce n’est pas que le noir ou le gris, ou le marron, l’Afrique ce sont les couleurs. L’industrie de la mode doit être reconnue mondialement. Nos politiciens, nos Rois, nos gros financiers, doivent mettre l’argent sur la mode africaine”. Alphadi , Président – Fondateur du FIMA – Niger
Les objectifs sont de présenter le potentiel du continent africain dans les domaines de la mode et de la création et d’en faire un « hub international », de célébrer la créativité africaine, les atouts culturels de l’Afrique et de sa diaspora, de consolider les liens de solidarité, de paix, d’amour et d’unité entre africains.
« Un évènement de la taille de ‘Rabat, capitale africaine de la culture’ mérite l’adhésion de nous tous, artistes, hommes de lettres, acteurs culturels, décideurs politiques et médias, afin de nous inscrire dans la dynamique du thème que nous avons choisi pour cette édition, à savoir ‘La synergie des cultures pour le développement de l’Afrique’ »
« La pertinence de ce thème nous interpelle à tout point de vue, car nous sommes détenteurs d’un héritage dont la richesse est inestimable, il nous appartient de léguer aux générations futures ce précieux trésor dans toute sa plénitude, car il est incontestablement un outil incontournable et fondamental pour un développement durable et une paix permanente ». a insisté Monsieur Alphadi.
L’ambassadeur du Niger au Maroc, Ada Salissou, a affirmé que le FIMA constitue une source de fierté pour le continent africain puisqu’il participe à la diffusion sur le plan mondial de la culture africaine. Rappelant que la première édition du festival a vu le jour en 1998 dans le désert du Niger pour célébrer le retour de la paix entre les Nigériens après des années d’un conflit fratricide, M. Salissou a fait remarquer que « le FIMA est d’abord l’expression de la paix entre les peuples et un espace de rencontres qui réunit des créateurs des cinq continents pour se connaître, échanger et vivifier la culture qui est le meilleur moyen de cimenter la paix entre les peuples ».
« Depuis sa création, le festival « donne l’occasion aux jeunes créateurs africains qui ont de belles idées de les exprimer et de les exposer aux yeux du monde », a souligné le diplomate nigérien, ajoutant que « cette 14ème édition ne fera pas l’exception ».
Pour rappel : Le festival international de la mode en Afrique est un événement artistique et culturel unique d’envergure internationale qui se tient tous les deux ans. La programmation de cette année comprend, outre les défilés et les spectacles, des compétitions pour valoriser les meilleurs stylistes d’Afrique et de sa diaspora dans les catégories de la maroquinerie, des bijoux et accessoires de mode et des Tops Models.
Des tables rondes axées sur les thèmes du financement de la mode et de la création, la protection de la propriété intellectuelle et des appellations d’origine des créations africaines et l’utilisation des nouvelles technologies dans la production et le marketing ont été organisées.
Et les FIMA se sont poursuivis avec la présence et le soutien des plus grands noms de la Haute Couture : Jean-Paul Gaultier, la Maison Eres, Marie Mercié, le grand brodeur François Lesage, Eric Raisina, Maurizio Galante, Karim Tassi, Imane Ayissi …
Monsieur Alphadi
Enfant de Touareg, Seidnaly Sidhamed alias ALPHADI est né le 1er juin 1957 à Tombouctou (Mali), de parents commerçants. Au Niger, il vit entouré de ses huit frères et sœurs. Très tôt, il s`amuse à maquiller ses sœurs et sa mère et passe des heures devant des films hindous à observer les maquillages des actrices. Il est déjà très sensible à tout ce qui peut mettre en valeur la beauté féminine. Mais dans un pays musulman, la mode est un secteur interdit aux garçons. Son père le destine à devenir médecin ou à reprendre son affaire. Une fois le bac en poche Alphadi choisit de faire des études de Tourisme à Paris. C`est l`occasion pour lui de se rapprocher du monde de la mode en assistant à des défilés et en prenant des cours du soir à l`Atelier CHARDON SAVARD. A la fin de ses études, il repart au Niger pour occuper le poste de directeur du Tourisme au Ministère. Sa passion pour la mode ne s`arrête pas pour autant. Fonctionnaire en poste, il continue à parfaire sa formation en stylisme en recevant dans son pays des professeurs de l`atelier CHARDON SAVARD.
En 1983, il décide de se consacrer entièrement à la mode. En 1985, il crée une ligne Haute Couture qu`il présente lors de son premier défilé, qu`il organise à Paris à l`occasion du Salon International du Tourisme : c`est la consécration! Depuis lors, Alphadi vole de succès en succès. Il n`existe pas un coin du monde où il n`eut à organiser un défilé: Niamey, Abidjan, Paris, Bruxelles, New York, Washington, Québec, Tokyo.
En 1987, la Fédération Française de la Couture et du Prêt à Porter lui décerne à Paris, l`Oscar du Meilleur styliste Africain.
Aujourd`hui, avec quarante ans de métier dans le domaine de la mode, des défilés organisés dans le monde entier, des boutiques en Afrique, aux Etats unis, en Europe, et surtout une griffe internationalement respectée : ALPHADI est assurément l`un des stylistes africains le plus connu du continent.
Chaleureux et très affable, cet enfant du désert est un grand bavard; mais un bavard dans son domaine. Parler lui de la mode, l`homme devient intarissable, passionné. L`artiste croit dur comme fer que la mode et la culture sont des industries qui peuvent hisser l`Afrique au rang des nations prospères. Il suffit simplement d`y croire et de s`en convaincre.
Miroir de son pays, le Niger, et l`Afrique, Alphadi connaît la valeur et la richesse des Hommes et des traditions qui l`ont nourri. Il puise son inspiration à travers la diversité des cultures africaines. Ses créations demeurent toujours respectueuses de l`identité africaine. Il veut porter haut et fort à travers le monde les couleurs de l`Afrique dans le domaine de la couture.
L`originalité d`Alphadi repose à la fois sur la référence aux valeurs quasi-millénaires des peuples Songhaï, Zarma, Bororo, Haoussa, Touareg … et un style insolent allié à l`audace des lignes et des formes, en somme, un équilibre entre les apports du désert et l`expérience occidentale où il fit ses premières armes.
En 1999, il démocratise sa griffe en créant à côté de la Haute Couture, une ligne » Alphadi bis « , plus sportswear. Il crée également avec Wrangler, » Alphadi Jean`s » spécialement taillé pour un public plus jeune.
En 2000, c`est le lancement du premier parfum d`un couturier africain : l`AïR d`Alphadi.
Mais au-delà de ses créations, Alphadi se bat pour les créateurs africains. Depuis bientôt sept ans, il est membre fondateur et Président de la Fédération Africaine des Créateurs(FAC). Il sensibilise les financiers et décideurs africains sur l`importance du secteur de la Mode et du Textile, vecteur de développement économique, social et culturel.
» Mon combat a toujours été de donner une chance à la culture africaine d`être connue, de se développer. Que la culture remplace définitivement notre manière de tendre la main «
Palais de Chellah et sa Nécropole
Le Chellah ou Chella, est le site d’une nécropole mérinide située sur l’emplacement d’une cité romaine. Le site du Chellah fut sans doute la plus ancienne agglomération humaine à l’embouchure du Bouregreg. Les Phéniciens et les Carthaginois qui ont fondé plusieurs comptoirs au Maroc ont probablement habités les bords du Bouregreg. Le Chellah conserve en revanche, les vestiges d’une ville romaine. Les fouilles ont révélé la présence d’une agglomération d’une certaine importance, celle de la ville citée sous les noms de Sala, par Ptolémée, et de Sala Colonia, dans l’itinéraire d’Antonin. Les restes du Decumanus Maximus ou voie principale ont été dégagés ainsi que ceux d’un forum, d’une fontaine monumentale, d’un arc de triomphe, d’une basilique chrétienne, etc. Le Chellah était abandonné depuis plusieurs siècles quand les Mérinides choisirent son site pour y édifier leur nécropole.
Protégée par une enceinte importante à laquelle on accède par une porte monumentale, la nécropole mérinide contient notamment une salle d’ablutions, une zaouïa avec un oratoire, un minaret paré de zellige et plusieurs salles funéraires, telle celle d’Aboul Hassan dont la stèle, finement décorée, repose sous un auvent à mouqanas. Cette porte de forteresse ouvre sur une petite oasis, un havre de paix d’une dizaine d’hectares où la tranquillité des lieux est interrompue de temps à autre par le claquement de bec des cigognes. Paysage clos et enchanteur, jardin à l’atmosphère magique où le sanctuaire du fondateur est au creux d’un vallon dans lequel serpente la source d’Aïn Mdafa.
Gérard Flamme