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Casablanca, la marque de Charaf Tajer créateur de mode

Casablanca, la marque de Charaf Tajer créateur de mode

Charaf Tajer, fondateur de Casablanca, nous porte saison après saison dans des univers sensibles et étincelants grâce à ses collections élégantes aux imprimés ludiques et couleurs étincelantes. Finaliste du Grand Prix de l’ANDAM* 2021, il a présenté, en juin dernier, sa collection printemps-été 2022 inspirée du Japon.

Né à Paris, Charaf Tajer nous confie: «Je rêve de voir Casablanca s’imposer comme la prochaine grande maison de couture en France.»

Charaf Tajer, fondateur de Casablanca photographié par Yannis Meynadier

Revenons sur le parcours de Charaf. Quand ce dernier présente sa première collection Casablanca en juin 2018, l’enthousiasme est immédiat. Le streetwear s’impose depuis bientôt cinq ans sur les podiums des grandes maisons et des jeunes labels.  Et ses chemises et pyjamas en soie détendus, ses costumes en laine aux coupes irréprochables et ses vestes et pantalons en denim s’imposent comme une vaste bouffée d’air frais.  

Collection printemps-été 2022 inspirée du Japon.

« Casablanca prend vie dans une palette qui évoque à la fois les courts en terre battue du Stade Roland Garros et les terres cuites brûlées par le soleil d’Afrique du Nord; accentué avec des blancs de tennis frais et des touches de pastel. Les silhouettes inspirées des vêtements de sport sont raffinées mais décontractées et présentées dans du coton impeccable et du tissu éponge moelleux. » 

L’esthétique de Casablanca est une fusion entre luxe et loisirs, un équilibre parfait entre confort et élégance. Casablanca réinterprète les environnements intemporels d’une luxueuse suite d’hôtel patrimoniale ou d’une coupe de champagne croustillante au coucher du soleil sur la terrasse d’un country club privé. En ajoutant une vivacité de couleur, la marque reste jeune et facilement insérée dans une pléthore de vie quotidienne. Casablanca est une réinvention moderne de l’esthétique après-sport intemporelle.

Appliquer des techniques de couture napolitaines à des pièces inspirées du tennis. Casablanca propose des pièces à porter quand les journées d’efforts sont terminées, mais la nuit n’a pas encore commencé. Ces heures magiques, marquées par leur sens de l’aisance et leur anticipation grisante, peuvent être la partie la plus décadente de la journée.

Printemps Eté 2023 -d’inspiration mexicaine

 «Je proviens de différentes cultures… Casablanca porte un nom espagnol, mais c’est une contrée musulmane. Cette ville d’Afrique était autrefois une colonie française. À tous ces aspects s’ajoutent des styles architecturaux et des cultures distincts… En vous promenant d’une rue à l’autre, vous vivez des expériences différentes. Je m’identifie à ce mélange de cultures.»

 «Ma marque raconte l’histoire de mon exploration du monde. Le monde représente pour moi une expérience psychédélique. Parfois, je m’arrête et je regarde les endroits où je me trouve, je contemple les grands immeubles et le ciel qui change de couleur.»

«Ce qui me motive le plus, c’est de découvrir à quel point le monde peut être heureux et positif, tout en étant profond», observe-t-il. «Je pense que les cultures pourraient être mieux représentées.  De mon point de vue, la visibilité ne pose pas de problème. Il faut maintenant que les personnes de couleur participent davantage aux décisions et que leur présence ne se limite pas aux défilés. Elles doivent s’approprier les marques.»

Quelles sont les maisons qui vous inspiraient plus jeune et quelles sont celles qui vous inspirent aujourd’hui?

Paris, où j’ai toujours vécu, est la capitale de la mode.  Aussi certaines marques, comme Lacoste, Hermès, Chanel et Cartier, m’ont continuellement transporté, et irrémédiablement je veux que Casablanca s’inscrive dans cet héritage. Aujourd’hui, face aux références à la culture américaine omniprésente, je voulais rendre hommage à la France avec mon label. Je considère aussi que pour être moderne dans la mode, il ne faut pas forcément proposer une esthétique futuriste avec des références à la science-fiction, on peut très bien s’inspirer du passé. 

Casablanca automne-hiver 2019 et printemps-été 2020

Qu’est-ce qui vous a donné envie de lancer votre marque? Pourquoi en 2018 et pas avant?

Avant de lancer Casablanca, j’ai été directeur artistique et travaillé aux côtés de Stéphane Ashpool sur la marque Pigalle et lancé les clubs Le Pompon, j’ai découvert toutes les étapes de design, de production de d’organisation d’un show. Je ne trouvais pas dans les magasins l’esthétique de Casablanca, j’ai donc décidé de fabriquer ce que je voulais porter. Cinq ans avant de me lancer, j’avais déjà Casablanca en tête mais peut-être qu’à ce moment-là je n’avais pas la confiance nécessaire. 

On sent que vous aviez mûri votre projet, car, dès le début, vos collections étaient très complètes et cohérentes.

On m’a toujours dit d’écouter avant de parler. Quand on prend le temps d’écouter et de réfléchir, on a une meilleure compréhension de ce que l’on souhaite faire et tout devient très clair. C’est vrai que j’ai mûri l’idée avant de me lancer, et Casablanca finalement c’est le résultat d’une passion et de beaucoup de travail.

En France, on voit très peu de designers originaires d’Afrique du Nord, ce qui est dommage, est-ce que vos origines vous ont déjà donné le sentiment d’être moins légitime dans cette industrie?

En fait, être maghrébin en France donne le sentiment d’être moins légitime pour tout. C’est mon rôle de franchir ces barrières que je me mets moi-même. C’est à moi de sortir de cette condition et d’être un exemple pour les générations futures. 

Sentez-vous que vous ouvrez la voie à d’autres jeunes talents?

Oui, je reçois beaucoup de messages de jeunes – qui ne sont pas forcément maghrébins –  disant que mon travail les inspire. Et certains de ceux qui apprécient mon travail me disent que le fait que je sois nord-africain, ou même africain, les touche. 

Casablanca automne-hiver 2020 et printemps-été 2021

Comment définiriez-vous le style Casablanca ?

« Casablanca, c’est un vestiaire pensé comme une invitation au voyage. Le nom renvoie à la ville où mes parents se sont rencontrés, c’était d’ailleurs dans un atelier de couture. Mais, esthétiquement, il n’y a pas que des références au Maroc à proprement parler. Mes collections sont inspirantes. Je dirai que le Maroc me stimule sur les couleurs et la France sur les proportions.» 

Très rapidement, il y a eu un engouement autour de Casablanca, vous attendiez-vous à un tel succès? 

Pas du tout. Mais le jour où j’ai publié la première photo sur Instagram, j’ai reçu l’appel d’un ancien collaborateur au Japon qui voulait me représenter. Quelques jours après, idem pour l’Amérique du Nord et une partie de l’Europe. L’engouement a été très rapide et c’était une vraie surprise. 

D’où vient cette esthétique très lumineuse avec un message positif et optimiste ?

Je crois que c’est naturel pour moi. Ce n’est pas un concept, car ce message était présent bien avant la Covid-19 et a un bon impact sur ceux qui nous suivent. Je vois encore les choses comme un enfant, et j’ai ce regard émerveillé devant la beauté du monde. L’architecture, le design et la nature me touchent énormément.

Chacune de vos collections est inspirée par une destination. Monaco (automne-hiver 2021), le lac de Garde (automne-hiver 2020), Hawaï (printemps-été 2021) ou encore le Japon (printemps-été 2022)… voyagez-vous dans chacune des destinations?

On voyage toujours dans les destinations qui nous inspirent. Je me suis rendu à Hawaï pour le voyage de recherche de la collection printemps-été 2021, au début de la pandémie, et je suis resté là-bas pendant le confinement. Ça m’a beaucoup inspiré pour la suite de la collection. 

Vous utilisez des symboles liés à l’imaginaire collectif autour de ces villes. Comment construisez-vous ensuite le récit qui façonne vos collections ?

Chaque collection raconte une histoire qui se développe à partir des codes visuels d’une ville, que l’on retrouve dans les imprimés, les coupes et les couleurs, inspirés de livres et de voyages. Nous sommes des enfants d’Internet, capables de catalyser beaucoup d’images et de jouer avec les codes de la culture populaire. Mais le but est que l’on retrouve l’identité de Casablanca, et que notre univers se déploie dans chacune de ces collections. Pour moi chaque chemise est un souvenir. 

SI la mode que vous présentez est très décontractée, le tailoring occupe également une place importante. D’où vient votre intérêt pour le costume ?

Mon père était tailleur et j’ai appris le tailoring avec lui. Il ne s’habillait qu’en costume sur mesure, sauf durant les vacances où il portait des chemises en soie. Le tailoring est important, car, en tant que jeune marque, on montre qu’on a un lien avec un certain classicisme. 

Casablanca printemps-été 2022

Comment faites-vous pour équilibrer vos collections, la part de baroque et de classique, toujours dosée avec  

Je parle ici de mode libérée. Les imprimés, par exemple, ne sont jamais baroques, ils sont chargés de références et occupent une place importante dans un récit. Casablanca, c’est la recherche de la beauté.  La chemise en soie imprimée est la plus emblématique de Casablanca.

Votre mode joue beaucoup sur la sensibilité et la sensualité masculines, la poésie et la beauté, des qualificatifs que l’on retrouve rarement dans la mode homme. 

Beaucoup d’hommes mélangent féminité et faiblesse, ce qui n’est pas mon cas. Être fort ne veut pas dire être masculin, et je dirais que les femmes sont extrêmement fortes. On devrait plus souvent s’inspirer d’elles. 

Au sein des collections automne-hiver 2021 et printemps-été 2022, vous présentez officiellement vos premiers modèles pour femmes. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer?

Les femmes portent déjà du Casablanca, donc leur proposer un vestiaire dédié, c’était une façon de poursuivre ce dialogue avec elles. J’avais envie de faire de la mode femme depuis longtemps, mais ça me semblait presque inaccessible. 

Comment envisagez-vous le futur de Casablanca?

«Si vous parvenez à combiner les différentes facettes de votre histoire – sans les diluer –, vous pourrez la raconter», explique le créateur. Aujourd’hui, j’ai envie d’en faire une marque beaucoup plus lifestyle. L’esthétique s’y prête vraiment, et l’histoire est tellement riche que l’on peut développer tout un univers autour de Casablanca. 

Casablanca s’est aussi déjà associée à des marques telles que New Balance et Bulgari.

S’inspirant également de la culture mexicaine, très présente à Los Angeles, et de sa fusion avec la culture underground, il confie: «Si vous parvenez à combiner les différentes facettes de votre histoire – sans les diluer –, vous pourrez la raconter. Tout le monde souhaitera la découvrir. Créez donc un vocabulaire visuel qui vous ressemble et présentez-le au monde.»

«Je me pose la même question tous les jours: comment changer le monde? Comment changer la perception que le monde a des personnes de couleur?»


A PROPOS DE L’ANDAM* Initiée en 1989 par Nathalie Dufour et présidée aujourd’hui par Guillaume Houzé, l’ANDAM offre chaque année un soutien financier de 500.000 euros et un accompagnement privilégié à 4 entreprises choisies après un processus de sélection de plusieurs mois. Depuis 32 ans, l’ANDAM fédère autour de sa mission les acteurs institutionnels et privés majeurs du secteur afin de mettre en place des actions d’envergures en faveur de la mode. Son action unique, coordonnée et transversale, est possible grâce à : — ses deux partenaires institutionnels historiques : le ministère de la Culture et le DÉFI (Comité de Promotion et de Développement de la Mode) — et ses mécènes privés : BALENCIAGA, CHANEL, CHLOÉ, LA FONDATION PIERRE BERGÉ – YVES SAINT LAURENT, LES GALERIES LAFAYETTE, HERMÈS, KERING, GOOGLE FRANCE, LACOSTE, LONGCHAMP, LVMH, L’ORÉAL PARIS, OTB, PREMIERE CLASSE, SAINT LAURENT, SWAROVSKI, TOMORROW.

Retrouvez plus d’information sur casablancaparis.com

Gérard Flamme

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