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Leïla Slimani est devenue une autrice populaire de la littérature française contemporaine

Leïla Slimani est devenue une autrice populaire de la littérature française contemporaine

L’autrice se confie. Une parole intime et puissante après une longue période de silence médiatique.

Lauréat du Prix Goncourt en 2016 pour « Chanson douce » et présidente cette année de l’International Man Booker Prize, traduit dans le monde entier, l’écriture de cette écrivaine est toujours claire et percutante et fait l’objet du nouveau podcast ELLE « Les Vagues ».

Leïla Slimani s’est exprimée devant le micro de Marion Ruggieri avec terre-à-terre. Avec un regard caustique et touchant, y compris dans son cas (fait rare!), elle évoque le Portugal, ce juste milieu entre la France et le Maroc, qui change les regards. Elle se souvient également de son enfance à Rabat, heureuse mais raide, où « il faut sans cesse se conformer » et où naît « l’envie de tout faire exploser ».

Pas du genre à rester à sa place…siège ? Leïla Slimani se méfie de son père Othmane depuis que celui-ci a subitement perdu sa cote, une rétrogradation qui l’empêcherait de s’en remettre. Son travail n’est-il pas une manière de redonner à un homme qui lui ressemble ? (« J’ai le même front ! ») et qui la surnommait « Ma Bouche », une parole, un statut, un nom ? « C’est sûr, écrire, c’est une manière de le venger, mais aussi de venger ma mère, de lui rendre ce qu’elle m’a donné, et de me venger ».

Les écrivains préfèrent le mouvement, l’instant et la disparition à l’immobilité, à la légitimité et à la reconnaissance. « J’aime me sentir partir, j’aime beaucoup la nuit, faire la fête, danser… être seule, mais entourée. Se sentir à sa place, c’est se sentir aimée ». En revanche, elle affiche une discipline de fer quand il s’agit d’écrire, ce sacerdoce, cette « cape d’invisibilité » qui la soustrait aux yeux du monde: « Parfois, je me demande “Est-ce que je n’ai pas tort de ne pas vivre ?” »

Le milieu littéraire, parisien, justement, parlons-en. Il l’a déifiée et manipulée. Elle le loue, mais n’est dupe ni de ce « monde, assez masculin, très blanc, dans lequel on cultive beaucoup l’entre-soi et qui ne tiendra pas éternellement », ni de son personnage. « J’avais fini par devenir Leïla Slimani… ».

PARCOURS

Elle s’essaie au métier de comédienne mais décide de compléter ses études à l’ESCP Europe pour se former aux médias où elle y rencontre le journaliste Christophe Barbier, alors parrain de sa promotion.

Elle rejoint le magazine Jeune Afrique en 2008 et y traite des sujets touchant à l’Afrique du Nord. Cependant, Leïla Slimani démissionne de la rédaction en 2012 pour se consacrer à l’écriture littéraire tout en restant pigiste pour le journal.

Son stage chez l’écrivain et éditeur Jean-Marie Laclavetine lui permet de publier son premier roman «Dans le jardin de l’ogre». Ce livre publié aux éditions Gallimard en 2014 sera finaliste pour le prix de Flore de la même année.

Son deuxième roman, ‘‘Chanson douce’’, publié en 2016 aux éditions Folio, a remporté le prix Goncourt la même année. Elle a été nommée représentante personnelle du président Emmanuel Macron pour la francophonie en 2017.

De par son talent pour raconter des histoires captivantes et sa voix unique, Leïla Slimani est devenue une autrice populaire de la littérature française contemporaine. Elle a également été reconnue pour son engagement social et son travail pour la francophonie, faisant d’elle une figure importante dans le monde littéraire et politique.

‘‘Chanson douce’’, de Leïla Slimani, prix Goncourt 2016

Le point de départ de « Chanson Douce », c’est l’assassinat de deux enfants par leur nounou à Paris. De là, on suit le cheminement qui a mené à ce drame : une mère de famille qui veut retrouver sa vie professionnelle, les entretiens d’embauches rigoureux pour trouver la personne adéquate, la bonne entente des enfants avec Louise, son assiduité, ses heures supplémentaires sans jamais rien réclamer, l’appartement qui est toujours nettoyé à la perfection à la fin de la journée, les délicieux repas qu’elle prépare… La nounou idéale devient incontournable dans la famille, indispensable aux yeux des enfants comme des parents, au point même de l’emmener avec eux en vacances l’été. Puis petit à petit vient l’éloignement progressif, à cause de petits évènements qui se succèdent, quand elle maquille à l’excès la fillette de quatre ans, ou quand elle refuse le gaspillage au point de nourrir les enfants avec des aliments périmés récupérés dans la poubelle familiale. A partir de là, cette nounou avec lesquels ils se sentent de moins en moins à l’aise reste toujours omniprésente et plus personne ne sait comment se débarrasser, jusqu’au drame.

On voit s’écrouler ses stratégies pour rester parmi eux. Dans ce livre, Leila Slimani nous propose d’assister aux premières loges au déraillement d’une femme dont personne ne se doute qu’elle est capable du pire.

Avec l’aimable autorisation du magazine « Elle »

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