Le vote historique du Parlement français réuni en Congrès au Château de Versailles le lundi 4 mars pour inscrire le droit à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution marque une avancée significative dans la reconnaissance des droits des femmes en France.
8 Mars: journée internationale du droit des femmes.
Cette décision d’inscrire le droit à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution française reflète le long combat des femmes tout au long du XXe siècle pour obtenir le contrôle de leur propre corps, un combat mené contre des normes et des structures patriarcales qui ont longtemps limité leur autonomie et leur liberté.
L’histoire de Léontine Gaudré, honorée en 1925 avec la Légion d’honneur pour avoir eu 19 enfants, illustre la vision traditionnelle de la féminité qui prévalait à l’époque. Cette vision, promue par des figures politiques telles que Georges Clémenceau, mettait en avant le rôle des femmes comme garantes de la reproduction de la nation. Léontine était perçue comme un exemple à suivre pour les femmes françaises, symbole de la fécondité et de la maternité valorisées par la société de l’époque.
Cependant, les luttes des femmes pour l’égalité et la reconnaissance de leurs droits ont été longues et ardues. Dans les années 1930, des militantes féministes se sont mobilisées pour obtenir le droit de vote, un droit fondamental qui leur était refusé en raison de préjugés sexistes et de la peur de voir les femmes négliger leurs « devoirs » familiaux. Des actions symboliques telles que l’offre d’une omelette aux sénateurs par des féministes militantes ont mis en lumière l’absurdité des arguments anti-féministes et ont souligné la capacité des femmes à assumer des rôles multiples, à la fois citoyennes engagées et membres actives de la sphère domestique.
Il faut juste comprendre les avancées obtenues grâce aux luttes des générations précédentes de femmes. La reconnaissance des douleurs de l’accouchement, la légalisation de la contraception et la lutte pour une répartition plus équitable des tâches domestiques sont autant de progrès qui ont permis aux femmes d’accéder à une plus grande autonomie et de briser les chaînes de l’oppression patriarcale.
Pourtant, malgré ces avancées, la lutte pour l’égalité des genres et la pleine reconnaissance des droits des femmes est loin d’être terminée. Les stéréotypes de genre persistants, les inégalités salariales, la violence sexiste et les discriminations persistent dans de nombreux domaines de la société. Il est essentiel de continuer à promouvoir une culture de l’égalité, de lutter contre toutes les formes de discrimination et de soutenir les revendications des femmes pour une pleine égalité des droits.
Le droit à l’avortement défendu dès 1890
L’histoire du combat pour le droit à l’avortement est riche en exemples de courage et de détermination de la part de femmes qui ont osé s’élever contre les normes de leur époque. Ces combats, souvent menés dans l’ombre et la discrétion, méritent d’être célébrés et honorés pour la bravoure et la vision de ceux qui les ont menés.
Dès 1890, une figure marquante de ce mouvement émerge : Séverine, journaliste féministe et libertaire, qui défendait avec passion le droit à l’avortement. Pour elle, avorter n’était pas un crime, mais plutôt un acte de liberté face à un destin tragique. Ses mots résonnent encore aujourd’hui, témoignant de sa clairvoyance et de sa détermination à défendre les droits des femmes.
Au fil des décennies, d’autres femmes anonymes ont pris le relais de ce combat, chacune à leur manière. Des mères de famille critiquées pour leur choix de travailler, des jeunes filles courageuses lançant des débats sur la contraception à leur table familiale, toutes ont contribué à faire avancer la cause de l’avortement.
En 1972, une jeune fille à Roubaix suscite des discussions sur la pilule contraceptive, ouvrant ainsi la voie à une plus grande liberté de choix pour les femmes en matière de contraception. Ces petits actes de rébellion et de courage ont contribué à changer les mentalités et à ouvrir la voie à des réformes importantes en matière de droits reproductifs.
Plus récemment, en 2022, le Chili a tenté d’inscrire dans sa Constitution le droit à l’interruption volontaire de grossesse, marquant ainsi un pas important vers la reconnaissance formelle de ce droit fondamental. Malheureusement, le projet de nouvelle Constitution a été rejeté par référendum, rappelant que le combat pour le droit à l’avortement est loin d’être gagné.
Dans d’autres pays, comme les pays issus de l’ex-Yougoslavie ou Cuba, le droit à l’avortement est protégé de différentes manières, parfois de manière plus explicite, parfois de manière plus implicite. Chaque pays a sa propre histoire et ses propres luttes en matière de droits reproductifs, mais l’essentiel reste le même : garantir aux femmes le droit de décider librement de la naissance de leurs enfants.
Le Maroc
L’avortement est un sujet délicat et complexe qui soulève des débats passionnés à travers le monde. Au Maroc, la législation entourant l’avortement est régie par le Code pénal, qui autorise cette pratique dans des circonstances bien spécifiques. Bien que la loi marocaine permette l’avortement lorsque la santé de la mère est en danger et avec l’autorisation du conjoint, elle punit sévèrement tout avortement en dehors de ces conditions.
Cependant, il est important de noter que les traités internationaux relatifs aux droits humains, auxquels le Maroc est signataire, condamnent les lois criminalisant l’avortement. Ces traités considèrent que de telles lois portent atteinte à la dignité et à l’autonomie des femmes et des jeunes filles, les obligeant à recourir à des avortements clandestins dangereux pour leur santé et leur vie.
Il est regrettable de constater que de nombreuses femmes au Maroc sont contraintes de voyager à l’étranger pour bénéficier d’avortements sûrs et légaux, mettant en lumière les incohérences et les dangers associés à la législation actuelle.
Il est essentiel de promouvoir un dialogue ouvert et constructif autour de la question de l’avortement au Maroc. Il est impératif de protéger les droits et la santé des femmes, en leur offrant un accès sûr et légal à des services d’avortement de qualité.
En fin de compte, il est sûrement temps pour le Maroc de revoir sa législation sur l’avortement afin de garantir le respect des droits des femmes et de mettre fin aux risques pour leur santé et leur vie. Il est temps d’adopter une approche plus progressiste et humaine en matière d’avortement, qui place la santé et le bien-être des femmes au cœur des préoccupations de la société marocaine.
Le combat pour le droit à l’avortement est un combat essentiel pour la liberté et l’autonomie des femmes. Chaque acte de courage, chaque parole de soutien, chaque avancée législative contribue à faire avancer cette cause fondamentale. En nous inspirant des exemples du passé, nous pouvons continuer à défendre et à promouvoir les droits reproductifs des femmes, pour un avenir plus juste et plus égalitaire pour tous. Il est impératif de continuer à œuvrer pour une société plus juste, inclusive et égalitaire, où les femmes peuvent pleinement exercer leur autonomie et leur liberté, sans crainte de discrimination ou de répression.
A lire: https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/09/29/au-maroc-des-militantes-feministes-manifestent-pour-le-droit-a-l-avortement_6143654_3212.html
Gérard Flamme