Le premier long métrage de la cinéaste franco-marocaine Yasmine Benkiran, intitulé « Reines », sort aujourd’hui au cinéma. Ce récit captivant met en scène une cavale haletante, suivant les péripéties de deux femmes et une petite fille en fuite à travers les montagnes de l’Atlas.
Le festival de Cannes est sans aucun doute l’un des événements les plus prestigieux et médiatisés du monde du cinéma. Chaque année, des réalisateurs et des acteurs du monde entier se réunissent sur la Croisette pour présenter leurs films et rivaliser pour les prix les plus prestigieux. Cependant, il est important de rappeler qu’il n’y a pas que Cannes dans la vie. En effet, pendant le festival de Cannes, de nombreux films sortent et bénéficient parfois de moins de visibilité que les grosses productions présentées sur la scène cannoise.
C’est dans ce contexte que le premier long-métrage de Yasmine Benkiran, « Reines », a vu le jour. Cette cinéaste franco-marocaine a réussi à créer un film captivant et original, qui a su se démarquer malgré la concurrence féroce du festival de Cannes. « Reines » est décrit comme une « cavale féministe », un concept qui pourrait sembler cliché à première vue, mais qui est traité de manière brillante et innovante dans le film.
L’histoire de « Reines » commence dans une prison pour femmes de Casablanca, où une jeune fille de douze-treize ans doit répondre à des questions sur un acte qu’elle a commis. On découvre rapidement que la femme qui l’interroge est sa mère, détenue pour trafic de drogue. Ensemble, elles s’échappent de la prison et rencontrent Asma, une mécanicienne mariée à un homme qu’elle semble détester. Les trois femmes se retrouvent alors en fuite sur les routes marocaines, poursuivies par la police.
Ce scénario captivant et original est porté par des personnages complexes et nuancés, interprétés par des actrices talentueuses. Le film aborde des thèmes importants tels que la liberté, la féminité et la rébellion, tout en offrant une réflexion profonde sur la société marocaine contemporaine. La réalisation de Yasmine Benkiran est à la fois audacieuse et maîtrisée, et sa capacité à capturer l’essence de ses personnages et de leur environnement est remarquable.
« Reines » est un film qui mérite d’être vu et apprécié pour sa qualité artistique et son engagement social. Il prouve que même en période de festival de Cannes, il est possible de découvrir des pépites cinématographiques qui méritent toute notre attention. Yasmine Benkiran a réussi à imposer sa voix et son talent dans l’univers du cinéma, et « Reines » est une preuve éclatante de son immense potentiel. Ne manquez pas ce film, qui saura vous captiver et vous émouvoir du début à la fin. Vive le cinéma, vive les films qui sortent pendant le festival de Cannes !
Confiance au récit
Le film « Reines » est une œuvre cinématographique qui articule plusieurs idées de manière sensible et captivante. L’une des idées principales du film est de représenter le Maroc d’une manière authentique, loin des clichés de carte postale. Les héroïnes du film parcourent des routes qui traversent les différents paysages du Maroc, des faubourgs urbains de Casablanca aux villages de montagne, en passant par les déserts et la côte. Le Maroc est présenté comme un terrain de cinéma, influencé par des références au western, au road trip américain et au film de cavale.
Le film aborde également les tensions sociales présentes au Maroc, sans pour autant tomber dans la démonstration. Il met en lumière le statut des femmes, qui sont présentées comme autonomes et actives dans tous les domaines, tout en étant confrontées à des situations de fragilité. Une scène poignante montre Zineb risquant d’être lynchée par un groupe d’hommes, mettant en lumière les dangers auxquels les femmes peuvent être exposées.
Mais au-delà de sa volonté de dépeindre la société marocaine, « Reines » est avant tout un film de fiction qui repose sur une intrigue solide et des personnages bien développés. Le film mêle habilement des scènes d’action palpitantes dans le désert à des moments de suspense et de retournements inattendus. Il y a également une dimension magique qui se dégage du film, rappelant un conte traditionnel auquel la petite fille du film croit fermement.
Les deux héroïnes, Zineb et Asma, forment un duo féminin puissant et original, sortant des sentiers battus. Leur relation rappelle celle d’un autre film marocain, « Déserts » de Faouzi Bensaïdi, qui mettait en scène un road trip similaire, mais avec un couple d’hommes cette fois-ci. Ces deux films se répondent et offrent une nouvelle perspective sur le Maroc et son cinéma.
Yasmine Benkiran, connue pour son talent et sa sensibilité artistique, nous offre ici une œuvre cinématographique riche en émotions et en suspense. À travers ce film, elle explore les thèmes de la liberté, de la solidarité et de la résilience, mettant en lumière la force et la détermination de ses personnages principaux face à l’adversité.
Les performances des actrices principales sont remarquables, incarnant avec justesse et intensité les différents aspects de leurs personnages. Le jeu subtil des regards, des gestes et des dialogues contribue à donner vie à ces femmes en fuite, les rendant à la fois touchantes et inspirantes.
Yasmine Benkiran signe son premier long métrage prometteur, qui s’impose d’emblée comme une œuvre singulière et marquante dans le paysage cinématographique contemporain. Son talent de réalisatrice et sa vision artistique affirmée en font une cinéaste à suivre de près, appelée à nous offrir encore de belles surprises à l’avenir.
« Reines » est un film captivant qui allie habilement action, suspense et réflexion sur la société marocaine. Il offre une vision moderne et nuancée du Maroc, loin des clichés habituels, et témoigne du talent de la réalisatrice à créer une fiction riche en émotions et en rebondissements. Un véritable bijou du cinéma marocain qui mérite d’être découvert et apprécié par un large public.
Yasmine Benkiran est une réalisatrice et scénariste franco-marocaine.
Elle grandit à Rabat sur la côte Atlantique marocaine et rejoint Paris à 18 ans pour des études de philosophie et de communication. Après des expériences professionnelles à Buenos Aires, San Francisco, Paris et Londres, elle intègre LA FÉMIS (atelier scénario) et y obtient son titre de scénariste.
Yasmine écrit aussi bien pour la télévision que pour le cinéma. Elle est également auteure de deux ouvrages sur le Maroc et d’une série de podcasts sur Alice Guy, première réalisatrice de l’Histoire.
En 2018, Yasmine réalise le court-métrage L’HEURE D’HIVER (Tangier IFF, Off-courts Trouville). Son premier long-métrage, REINES, une cavale féministe en camion, fait sa première mondiale en septembre 2022 à la Mostra de Venise, en clôture de la semaine internationale de la critique et continue en 2023 sa tournée en festivals, avant de sortir en salles en France au printemps 2024.
Gérard Flamme
