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Les « robotaxis » arrivent aux quatre coins du monde

Les « robotaxis » arrivent aux quatre coins du monde

Fiction…Le 22 novembre 2028, Sarah, une jeune mère de famille, confie avec confiance ses deux enfants à un robot-taxi électrique et autonome qui les conduit à l’école.

La Révolution de la Voiture Autonome est en marche et l’avenir de la mobilité se dessine sous nos yeux. Cette scène du « 22 novembre 2028 », qui pourrait sembler de la science-fiction, est en réalité un aperçu de la réalité à venir. La voiture autonome, électrique et connectée n’est plus un concept futuriste, mais bien une tendance qui se profile à l’horizon.

Cette révolution dans le domaine de l’automobile pousse les fabricants à se réinventer. Désormais, ils doivent se positionner en tant que fournisseurs de services de mobilité, plutôt que de simples constructeurs. En effet, dans un contexte où de nouveaux acteurs comme Google, Apple ou Tesla s’immiscent dans ce secteur, les constructeurs automobiles traditionnels se doivent d’évoluer pour assurer leur survie.

« Pour des personnes comme Sarah, vivant en banlieue parisienne, la voiture autonome représente une solution pratique et économique. Ne possédant pas de véhicule personnel, elle peut simplement commander un robot-taxi via son téléphone mobile lorsqu’elle en a besoin, sans avoir à supporter les coûts d’entretien et d’assurance d’un véhicule. Cette évolution de la mobilité urbaine permet de répondre aux enjeux de la vie moderne tout en s’inscrivant dans une démarche plus durable.« 

Au cours des dernières années, le secteur des « robotaxis » a connu une expansion rapide aux États-Unis, devenant un acteur majeur de la mobilité urbaine.

Après des années de tests approfondis, les principaux acteurs du marché ont réussi à généraliser leurs services dans certaines villes américaines, offrant ainsi aux consommateurs une alternative innovante et durable aux moyens de transport traditionnels.

Par exemple, Waymo, l’entreprise leader du secteur, a notamment déployé son service de « robotaxis » à Phoenix, en Arizona, dès 2020. Cette ville, à la topographie favorable et au climat ensoleillé, s’est avérée un terrain propice pour le déploiement de ces véhicules autonomes. Plus récemment, Waymo a également étendu ses opérations à San Francisco, métropole californienne nettement plus exigeante en termes de conditions de circulation. Malgré les défis posés par le relief accidenté, les pistes cyclables et les intempéries, l’entreprise a réussi à s’implanter dans cette ville, suscitant l’engouement d’une partie de la population, avec près de 300 000 personnes inscrites sur liste d’attente.

Cependant, le succès du secteur des « robotaxis » ne s’est pas fait sans heurts. Les pouvoirs publics ont exprimé leur préoccupation face aux risques d’accidents, conduisant l’autorité américaine de la sécurité routière à ouvrir des enquêtes sur plusieurs incidents impliquant ces véhicules autonomes. Certains habitants des villes concernées ont également manifesté leur méfiance à l’égard de cette technologie, jugeant ces « robotaxis » trop intrusive dans l’espace public.

Malgré ces défis, le secteur des « robotaxis » demeure en pleine expansion, avec l’arrivée de nouveaux acteurs comme Cruise, Zoox ou Tesla, qui cherchent à se tailler une place sur ce marché particulièrement concurrentiel. Si des progrès restent à accomplir en matière de sécurité et d’acceptation publique, les « robotaxis » représentent néanmoins une avancée technologique prometteuse, susceptible de transformer en profondeur les habitudes de mobilité des Américains.

L’Essor des Robotaxis : Un Enjeu Stratégique

La note récemment publiée par France Stratégie met en lumière les avancées significatives réalisées par la Chine et les États-Unis dans le domaine des robotaxis, soulignant le retard accumulé par l’Europe et la France en la matière. Cependant, loin d’être un constat d’échec, cette analyse invite à saisir l’opportunité qui s’offre à l’Hexagone d’investir massivement pour rattraper son retard et s’imposer comme un acteur majeur sur ce marché en pleine expansion.

En effet, les deux premières puissances économiques mondiales ont considérablement accéléré le développement de flottes de véhicules autonomes au cours de la dernière décennie. Ainsi, en mai 2024, on dénombre 16 flottes urbaines de robotaxis commerciaux dans le monde, dont 4 aux États-Unis et 12 en Chine. Cette avance est notamment portée par des acteurs tels que DiDi, Pony.ai ou Baidu, qui a récemment dévoilé sa sixième génération de véhicule autonome de niveau 4, avec une baisse significative des coûts de production.

Face à ce constat, la France et, plus largement, l’Europe, accusent indéniablement un retard préoccupant. Néanmoins, l’étude de France Stratégie souligne qu’il n’est pas trop tard pour combler cet écart, à condition d’investir massivement et de faire preuve de patience. En effet, les auteurs estiment que « compte tenu de l’avance prise par la Chine et les États-Unis, il est peu probable que les acteurs français puissent vite combler seuls leur retard en matière de conduite autonome ».

Pour ce faire, la France dispose de plusieurs atouts à faire valoir. Son expertise reconnue dans les domaines de l’automobile, de l’électronique et de l’intelligence artificielle peut lui permettre de s’imposer comme un acteur incontournable sur ce marché. De plus, les collaborations stratégiques, telles que celle entre Renault et WeRide, offrent des perspectives intéressantes pour rattraper le retard accumulé.

Aussi, bien que la situation actuelle puisse sembler préoccupante, l’étude de France Stratégie démontre que la France a les moyens de s’affirmer comme un acteur majeur dans le déploiement des robotaxis à grande échelle. Pour y parvenir, il est essentiel que les pouvoirs publics et les acteurs privés s’engagent résolument dans cette voie, en mobilisant les investissements nécessaires et en favorisant les synergies entre les différentes parties prenantes.

Les robotaxis, une priorité secondaire dans la stratégie nationale française

Pour revenir à propos de la France, mais aussi tout comme l’Europe, le continent doit s’intéresser aux avancées dans le domaine des robotaxis. Cependant, il semble que ce mode de transport autonome ne soit pas la priorité de la stratégie nationale française à l’heure actuelle. Ce choix fait écho aux orientations prises par les grands constructeurs automobile français, qui ont choisi de se concentrer sur des niveaux d’autonomie plus abordables pour les véhicules personnels.

Priorité aux transports publics autonomes

Selon France Stratégie, la France a préféré se focaliser sur le développement de transports publics autonomes, tels que les bus et les navettes, plutôt que sur les robotaxis. Cette décision s’explique en partie par la volonté de privilégier des solutions de mobilité collective, mieux adaptées aux enjeux de la transition écologique et de l’accessibilité des transports pour tous.

Si la France n’a pas fait des robotaxis une priorité, elle accuse néanmoins un retard important par rapport à d’autres pays comme la Chine ou les États-Unis, qui ont beaucoup investi dans ce domaine ces dernières années. La France n’a cumulé qu’un million de kilomètres d’expérimentations et d’essais de véhicules autonomes, contre 70 millions en Chine en septembre 2023.

Pour rattraper ce retard, les experts soulignent la nécessité de développer des coopérations industrielles, que ce soit entre pays européens ou avec la Chine et les États-Unis. Une telle approche collaborative permettrait de mutualiser les efforts et les investissements, tout en évitant une offensive commerciale de ces deux pays sur le marché européen.

Il est donc nécessaire que la France et l’Europe s’y intéressent davantage, afin de ne pas prendre un retard trop important sur ces technologies de mobilité du futur. Des efforts de rattrapage et de coopération internationale seront nécessaires pour que les constructeurs européens puissent pleinement saisir les opportunités offertes par ce marché émergent.

Gérard Flamme

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