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L’Opéra Royal du Maroc, le pari fou de David Serero

L’Opéra Royal du Maroc, le pari fou de David Serero

Fondé et dirigé par le baryton Marocain David Serero, l’Opéra Royal du Maroc a pour mission de développer et promouvoir l’Art Lyrique au sein du Royaume du Maroc, d’assurer la formation de futurs chanteurs lyriques Marocains, créer des œuvres lyriques dans le riche dialecte marocain plus communément connu sous le nom de Darija.

Cela se passait le 30 novembre 2022 au Studio des arts vivants à Casablanca. Il est 20h30. David Serero s’avance majestueusement sur la scène. Nous comprenons tout de suite que la soirée est exceptionnelle. En moins de 3 minutes celles et ceux nombreux (il n’y a plus de places disponibles dans ce lieu unique à Casablanca où l’art et la culture se vivent chaque jour), qui sont présents pour cette magnifique soirée de Gala, précurseur de l’Opéra Royal du Maroc  est conquise.

L’homme est le maestro de la soirée. Cette manifestation culturelle a réuni 3 sommités d’opéra de renommée mondiale, Victor Dahhani, Ténor , Audelia Zagury, Soprano , Ahlima Mhamdi, Mezzo  et le chef de chant Rodolphe Lospied, Pianiste et Icham à la Darbuka interprèteront les classiques des opéras de Mozart, Puccini, Verdi, Bizet. Cerise sur le gâteau  pour la soirée une chorale, amateur certes mais déjà tellement mature dans l’expression lyrique avec un répertoire de grande qualité. Et autres surprises.

David Serero a une ambition encore et encore : « Développer et promouvoir l’Art Lyrique au sein du Maroc » avec la création de l’ »Opéra Royal du Maroc ».

David Serero, une carrière internationale de 25 années, chanteur d’opéra, producteur franco-marocain de renommée mondiale, revient sur les objectifs de la création de ladite compagnie.

Luxe infinity: l’Art Lyrique au Maroc ça veut dire quoi en 2022?

David Serero: « Tous les peuples ont cet amour du chant et du désir de partage. C’est surement avec l’art pictural ce que l’homme « premier » a vécu permettant de sublimer son existence. Le Maroc terre de tradition vocale doit je le pense et je le veux rayonner dans le monde de l’opéra. »

« Mais et il y a un grand MAIS il y a tout à construire ici. Le Maroc une terre totalement vierge et je chéris et veux m’investir totalement dans ce challenge. Aussi, je vais beaucoup plus loin qu’une seule soirée. L’Opéra Royal du Maroc est là pour rester et fait partie intégrante du paysage culturel du Maroc dans les prochaines années sinon les prochaines décennies. »

« Les premiers objectifs sont atteints puisque nous constatons un vrai enthousiasme d’une catégorie de marocains et l’envie de chanteurs amateurs d’opéra d’exercer cet art dans le pays. C’est aussi sans compter sur les artistes professionnels qui rêvent de chanter aussi dans leur propre pays. »

  • En premier, il faut apporter des emplois à des chanteurs d’opéra marocains. J’ai envie qu’ils fassent profiter leur Maroc.
  • Le deuxième facteur est pédagogique. On va accompagner et former de jeunes chanteurs qui n’ont pas forcément le niveau d’être soliste. Nous allonscréer une classe d’Opéra au conservatoire de Casablanca où j’ai fait construire la première librairie musicale.
  • En fin, le troisième facteur est la mise en valeur de la Darija qui est une langue très riche en sonorité, qui est vraiment très belle et pour moi c’est important de créer des opéras commissionnés spécialement pour l’Opéra Royal du Maroc sur des thèmes marocains, sur des histoires marocaines faites en darija qui pourront s’exporter et qui soient accessibles au niveau des tarifs.

Si vous ne pouvez pas aller à l’opéra, c’est l’opéra qui viendra vers vous, mais ça ne veut pas dire qu’on abaisse le niveau de l’opéra. Moi je n’abaisse pas le niveau de l’opéra, j’élève le niveau du public.

Luxe infinity : La diplomatie culturelle est un levier important en matière de coopération internationale. Comment le Maroc pourrait capitaliser sur la culture notamment musicale pour renforcer sa diplomatie ?

« Un piano  sans son pianiste ne peut pas fonctionner. Aussi le désir des gens qui veulent construire donne une réalité à l’existence. J’ai le soutien total de Mr Bensaid, Ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication au Maroc. Je veux créer une jeunesse d’opéra afin de construire plusieurs générations futures de passionnés et créer des emplois. Tout ceci grâce à ce projet l’Opéra Royal du Maroc. L’entrepreneuriat culturel est un vivier de création d’emploi dans différents secteurs d’activité. De plus la diplomatie culturelle brise toutes les frontières. N’est-ce pas notre rôle à nous les « saltimbanques de la société » de briser les chaines et les frontières ? »

« Ici au Maroc, nous avons déjà des ambassadeurs  culturels de qualité, et avec l’Opéra Royal du Maroc, nous allons créer une nouvelle génération d’Ambassadeurs Artistiques. je suis un agitateur culturel dans le bon sens du terme et ce projet va faire du Maroc une nouvelle étoile dans le mondedont mais qui surtout va faire gagner de l’argent à l’Etat Marocain.  Je suis un entrepreneur culturel, je sais gérer une entreprise culturelle, les artistes, l’ensemble des métiers « régie », machinistes qui mettent en scène le propos artistique et la rendre profitable. Oui, Je vais aller dans les écoles, les universités et jusque dans les rues pour convaincre la population marocaine. Je projet est fédérateur de notre nation. »

« J’aspire (oui je dis souvent je et bientôt nous) à mettre la culture (toutes les formes de vie culturelle), et surtout celle que je connais parfaitement qu’est l’Opéra qui semble si lointaine à un nombreux public non mélomane à priori en maintenant des tarifs abordables 150 DHS, l’équivalent du prix d’une place de cinéma. Personne ne parle de démocratiser le cinéma… Les grandes marques de parfum, dont le prestige et réputations internationales ne sont plus à faire offrent des échantillons pour que le client soit inspiré, alors  pourquoi pas l’opéra ? »

« Pour aller plus loin, toutes les représentations feront l’objet d’un enregistrement live (professionnel), afin d’aller vers ce public nouveau et le faire voyager et cela partout dans le monde. »

Luxe infinity : Quels sont vos projets dans le Royaume et à l’international ?

« L’international n’est pas la priorité puisque le projet est de construire une synergie autour de l’opéra ici (professionnel et amateur / artiste chanteur, musiciens, etc.) un Opéra national POUR le Maroc et tous les Marocains. Je désire générer une nouvelle jeunesse de chanteurs lyriques, grâce à la création d’une classe d’opéra au Conservatoire de Casablanca que j’espère agrandir dans tout le Royaume. De plus, la programmation d’une saison complète de l’Opéra Royal du Maroc qui contiendra un ensemble de création naissante sera annoncé prochainement.« 

Luxe infinity : En termes de politique et d’investissement, quel regard portez-vous sur l’industrie culturelle au Maroc ? Que faudrait-il faire pour le mettre aux normes internationales ?

« Je témoigne que le Maroc d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier. Les jeunes marocaines et marocains sont très portés sur les nouvelles technologies et réalisent des choses exceptionnelles. Je me souviens qu’il y a 20 ans il était impossible de construire ce genre de projet. Par exemple, au Studio des Arts Vivants, là où j’ai choisi de réaliser le gala historique d’ouverture, il y a une équipe professionnelle exceptionnelle qui non seulement a envie de réaliser mais aussi va au-delà de vos aspirations. Ca me motive pour aller encore plus loin. Il faut toujours s’entourer de nouveaux talents et d’entrepreneurs, c’est toujours gagnant. Une simple idée peut tellement permettre un changement dans la vie. Il ne faut pas avoir peur de vouloir penser grand et entreprendre. Au Maroc, il apparait que beaucoup d’initiatives sont possibles. Je suis content d’avoir expérimenté ailleurs toute l’exigence d’une organisation parfaite et de l’appliquer au Maroc. »

Gérard Flamme

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