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Les sculptures vivantes de Diadji Diop à Marrakech

Les sculptures vivantes de Diadji Diop à Marrakech

Le Comptoir des Mines est heureux de dévoiler l’exposition  أُخُوة Fraternité de l’artiste franco-sénégalais Diadji Diop.

C’est à la galerie d’art le Comptoir des mines galerie (CMG), à Marrakech, que l’artiste franco-sénégalais Diadji Diop a exposé, ce 7 octobre 2023, ses sculptures, sous le titre rassembleur « أخُُوة, Fraternité ». Bonshommes rouge vif, debout ou émergeant de la terre dans un mouvement de crawl, les statues de Diadji Diop veulent avant tout mettre en avant l’universalité de l’homme, refusant tout enfermement, à commencer par celui de la couleur de peau. Le rouge, couleur intérieure de tous les corps, est comme un appel à l’esprit d’union, à une spiritualité et à une dignité au-delà des enfermements, des humiliations et des drames de l’immigration. Dignité se retrouvant dans son géant écarlate, figé dans une posture pleine de hauteur et de sérénité, comme dans ses nageurs connectés à la terre, mère universelle de l’humanité, trouvant à la parcourir dans des flots dangereux, avec une bravoure inscrite dans le corps en mouvement au-delà de toutes les limites humaines.  

La couleur rouge, par ailleurs, est le symbole d’une vitalité essentielle de l’être humain. Source de vie et de violence, ce rouge unique constitue le socle indispensable sublimant le douloureux jeu des différences et des réductions.

Diadji Diop est un artiste aussi discret que ses sculptures sont spectaculaires. Né en 1973, à Dakar, il est diplômé de l’École des Beaux-arts de Paris, et il vit et travaille dans la capitale française. Ses œuvres s’exposent de Dakar à Abidjan, de Paris à New York, comme aux European Heritage Days, à l’Élysée, ou au Pavillon national du Sénégal, à la Biennale de Dakar,  au Palm Beach de Miami, et donc à la CMG de Marrakech : un rayonnement international pour ses humains rouges et universels…

« Diop possède le don rare de faire plus que rendre la réalité avec ses mains », selon le galeriste marrakchi.

Fabriquant ses moules lui-même sans dessiner de croquis à l’avance, il laisse l’inspiration venir pour modeler ses œuvres à l’échelle qu’il veut, sans s’encombrer de prototype, à la manière d’un magicien de la forme. Il donne à ses œuvres rigides l’expression de corps vivants animés d’un esprit profond et d’une volonté infaillible.

أخُُوة Fraternité comme thème de l’exposition, pourquoi ?

Fraternité, nous répond notre guide, parce que Diadji Diop choisit de se concentrer sur ce qui nous réunit tous, quels que soient nos types humains, à travers sa marque de fabrique qu’est la couleur rouge, représentant le sang, le flux vital, comme le naturel antidote de tous les préjugés raciaux. « L’œuvre appelle à un monde brassé où la couleur de la peau ne serait plus un facteur de discrimination. À l’heure où les frontières se ferment un peu partout dans le monde, cette sculpture est une invitation au voyage, au rêve et à l’utopie », expliqueDiadji Diop.

Son inspiration artistique, c’est d’aborder tous les sujets forts de l’identité raciale : peaux blanches-peaux noires, l’immigration clandestine, les stéréotypes que se construisent les êtres humains afin de rejeter leurs semblables. Sa sculpture Naw Naan décrit un homme fort avec un visage heureux sortant de la terre, comme survivant déterminé à faire front à toutes les conditions que nous imposent la société, le système et le temps même de nos vies. Son œuvre Renaissance est un géant émergeant de la terre avec une posture de héros prêt à s’envoler dans le ciel : la survie plus forte que tout. Sa sculpture portant le nom Dans le bonheur qui montre un nageur sortant de l’eau est comme une invitation au puissant rêve intérieur qui triomphe des limites terrestres. Toutes ses œuvres majeures ont pour but de poser, selon l’artiste, la question sur la liberté, sur l’identité commune qui rassemble tous les êtres humains, elles constituent un appel au dialogue, au partage, par-delà la couleur de la peau, les frontières et les commerces de la haine.

Le Comptoir des Mines

Donner à voir ces œuvres est aujourd’hui la mission de Hicham Daoudi, fondateur et directeur du CMG. C’est pour lui un devoir, étant donné le lien fraternel unissant le Maroc et le Sénégal, deux pays très liés depuis des décennies. « À l’origine, assure ce passionné éclairé, le CMG se veut un projet ouvert aux scènes artistiques émergentes, en offrant les moyens d’expression et le soutien dont elles ont besoin. Ainsi, de nombreux artistes ont rejoint l’aventure dans ce lieu où ils peuvent poser leurs valises, concrétiser leurs projets et délivrer leurs langages artistiques. »

Fondé en novembre 2016, le CMG s’impose sur les scènes artistiques nationale et internationale. Appréciée pour son bâtiment iconique art déco des années 30, sa présence, sa direction et ses initiatives artistiques la galerie est située dans Gueliz, la « nouvelle ville » de Marrakech. L’espace d’exposition s’étend sur 1 500 m² : les deux ailes du bâtiment s’élèvent sur deux étages abritant plusieurs appartements convertis en espaces d’exposition et résidences d’artistes, le toit-terrasse a été repensé pour accueillir divers événements de la programmation tels que des vernissages et événements artistiques, le hangar – avec 9 mètres de hauteur sous plafond, invitant à la monumentalité. Un bâtiment fait de culture et d’œuvres remarquables, avec par exemple la carte d’Afrique dessinée au plafond, à la manière d’un gigantesque accident, qui évoque un toit défoncé ; ou encore ces œuvres faites de charbon de bois, de bougies ou de terre exprimant une spiritualité captivante.

Informations pratiques:

diadjidiop@hotmail.com. Téléphone. 0033 (0)7 53 44 78

Jean-Marc Digbeu

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