Menu & Search
1-54 de retour à Marrakech

1-54 de retour à Marrakech

La Foire d’Art Contemporain Africain 1-54 s’est déroulée de nouveau à Marrakech du 9 au 12 février 2023 dans plusieurs lieux culturels de la ville entre autre le mythique palace La Mamounia.

La Foire d’Art Contemporain Africain 1-54

Il y a dix ans Touria El Glaoui créait la première édition de « 1-54 » rendez-vous international de l’art contemporain africain. C’est ainsi qu’au fil du temps ce rendez-vous s’est installé durablement à Londres, New-York, Paris et Marrakech depuis 2018.

Revenons sur cette belle histoire. En 2010 la scène africaine est peu visible hormis quelques artistes soutenus par leurs galeries historiques, Barthélémy Toguo chez Lelong (Paris), El Anatsui et Romuald Hazoumé chez October Gallery (Londres). Pour rappel également l’art contemporain africain représente à cette époque moins de 0,1 % des ventes aux enchères internationales.

C’est Londres qui propose de recevoir la première édition parce que notamment le marché des « modernes » du Nigéria et de l’Afrique du sud était déjà bien installé. Le succès engendrant le succès, Sotheby’s en 2018 puis Artcurial deux maisons de vente aux enchères internationalement reconnues créent un département « Afrique ». C’est à la même époque que  Marrakech « ville vitrine de l’art africain et sa diaspora » accueille 1-54. Pour sa 4ème édition, la foire présentait cette année 20 galeries de dimension internationale, dont 4 galeries marocaines (Galerie 127, La Galerie 38, L’Atelier 21 et Loft Art Gallery), et plus de 60 artistes, entre autre Kehinde WileyThandiwe MuriuJohanna MirabelMariam Abouzid SoualiIsmail Zaidy, Abdoulaye KonatéNú BarretoYoussef NabilJoanna ChoumaliAna Silva ou encore Mous Lamrabat.

« Contrairement à Art Basel ou à l’Armory Show qui ont évolué en grands supermarchés de l’art, confie Christophe Person, à la 1-54 les professionnels sont plus disposés à déceler de nouveaux talents. » Ce que confirme Nathalie Obadia, qui a vu Nú Barreto sur le stand de la galerie ivoirienne LouiSimone Guirandou à Marrakech. L’un des attraits majeurs de la foire est le public ciblé qu’elle attire et fidélise. Un écosystème constitué de curateurs, de collectionneurs et de conservateurs de musées « intéressés spécifiquement par ce segment africain et afrodescendant » estime Nathalie Obadia, qui a fait entrer en 2019 Barreto dans les collections du Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaines à Washington après une participation à la 1-54 Marrakech.

Une visibilité pour les galeries africaines

Désormais présente sur trois continents, la foire 1-54 qui s’est considérablement développée en dix ans a rendu visibles de nombreuses galeries africaines. « Touria El Glaoui est allée chercher des galeries anglophones, francophones mais aussi lusophones ; et elle a changé la donne », note Charlotte Lidon. « Pendant longtemps, l’Afrique était, dans l’imaginaire des Européens, un continent. 1-54 a rappelé qu’elle était composée de 54 pays, avec leurs particularités. » Son ancrage à Marrakech, après Londres et New York, n’est pas un hasard et marque la volonté d’arrimer ce marché à sa terre d’origine pour créer un hub artistique pérenne en Afrique du Nord.

Et si La Mamounia a accueilli la foire, d’autres acteurs culturels se sont mobilisés pour proposer un programme de conférences, expositions et autres événements culturels. Ainsi, Pikala Bikes proposait un tour en vélo dans la médina pour en découvrir ses œuvres d’art ; des expositions et rencontres avec les artistes se sont déroulés : 

  • Dans la médina : Dar Moulay Ali, Dada, El Fenn, Fondation Dar Bellarj, Galerie dar el Bacha, Kabana, Khalid Art Gallery, le 18, Musée Boucharouite de Marrakech, Musée Tiskiwin, Palais Bahia, La Pause Residency, Riad Inara, Riad Yima, Shtatto
  • Dans Guéliz : Bab hôtel, BCK Art Gallery, Comptoir des Mines Galerie, David Bloch Gallery, Galerie 127, Galerie Noir sur Blanc, Galerie SINIYA28, Galerie Tindouf, MACMA, Matisse Art Gallery, Musée Yves Saint Laurent, Mövenpick Hotel Mansour Eddahbi Marrakech. 
  • Dans la Palmeraie et aux alentours de Marrakech : Jnane Tamsna, Villa Janna, Al Maqam, Fondation Farid Belkahia, Jardin Anima, Mandarin Oriental, Montresso* Art Foundation, Museum of African Contemporary Art Al Maaden, VOICE gallery. 

Meydene, acteur majeur culturel

Dans le cadre de cet événement et en partenariat avec Artfirst galerie, Meydene abrite deux expositions. L’une de de Nour Eddine El Ghoumari, un photographe marocain qui se définit comme un artiste de rue et illustre à travers ses œuvres un amour réel pour ceux qu’il appelle « les gens ordinaires ». Des photos séduisantes à découvrir du 8 février au 8 mars 2023 au M Square.

Et l’exposition « Anonymus » du photographe Malick Welli. Ce jeune portraitiste autodidacte d’origine sénégalaise qui s’est fait connaître en premier temps par ses photos représentants des portraits d’enfants et mères sénégalaises a évolué ensuite vers un style de photos plus intimiste et spirituel. Les photos sont à découvrir du 8février au 8mars 2023 au rez de chaussée du Meydene

L’Institut français

Egalement, il ne faut surtout pas manquer l’exposition de Fatima Zohra Serri, artiste autodidacte « SHADES OF BLACK, THE FORBIDDEN APPLE  » à l’Institut français jusqu’au 31 mars 2023. Adepte des formats classiques de la street photographie et du journal visuel,son style a récemment évolué vers des conceptions raffinées s’intéressant à la fois à la marocanité, et à la féminité. Elle brosse à grand traits un sujet dénonçant les hontes et tabous sociétaux, avec comme objet principal de réflexion : la FEMME, bien sûr, figure sacrificielle, accablé de tabous, d’interdits et de frontières…

1-54 annonciateur d’un espace artistique longtemps perçu comme une niche voit pourtant le marché de l’art contemporain africain émerger enfin. En 2017, « Art Paris Art Fair » faisait un focus sur la création du continent africain. Les galeries africaines n’ont jamais été aussi nombreuses lors de la dernière édition de l’Armory Show. Une suite cohérente de la visibilité accrue des artistes africains et de la diaspora, qui s’imposent désormais dans les manifestations internationales de l’art et dans les salles de vente. Il n’empêche, 1-54 aura posé la première pierre.

Gérard Flamme

RETOUR EN HAUT