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Et si le comble du chic était de ne pas avoir l’air de l’être ?

Et si le comble du chic était de ne pas avoir l’air de l’être ?

L’univers de la mode est en perpétuelle évolution, mais aujourd’hui, un nouveau concept d’élégance s’impose avec force : le Quiet Luxury. Ce règne de la simplicité, du minimalisme et de l’extrême qualité ne cherche pas l’ostentation, mais affirme une sophistication singulière.

En se libérant des excès de la logomania, cette tendance raffinée nous rappelle que le luxe peut – et doit – être subtilement insinué, presque caché dans les détails de chaque pièce. Alors, le comble du chic serait-il de ne pas en avoir l’air ? Plongeons au cœur de cette révolution stylistique !

Dans un monde où les marques criaient haut et fort leur présence à travers des monogrammes envahissants et des coloris tape-à-l’œil, un souffle nouveau s’élève. En effet, les années 90 et 2000 ont été dominées par des figures emblématiques comme Karl Lagerfeld et John Galliano, qui ont donné le ton d’une mode où l’image de marque prenait le pas sur l’essence même des vêtements. Le phénomène de logomania avait alors pris d’assaut les garde-robes du monde entier. Mais, alors que le cycle de la mode se renouvelle, nous assistons à un tournant remarquable : l’émergence du Quiet Luxury.

La tendance dévoilée

Le Quiet Luxury valorise l’intemporalité et l’authenticité. Loin des imprimés voyants et des accessoires surchargés, il se concentre sur des basiques de qualité, des matières nobles et des coupes impeccables. La simplicité devient le nouveau luxe, et les valeurs sûres se dressent en champions de ce nouveau style. Imaginez un cocktail élégant de vêtements confectionnés dans des matières telles que la soie, le cachemire ou la laine, finement travaillés pour épouser les formes avec délicatesse. Les tons neutres dominent la palette de couleurs : du noir profond, du beige doux, du blanc pur, et des touches de bleu marine ou de marron viennent compléter cette symphonie visuelle.

Mais attention, cela ne signifie pas que le style est désincarné ! Au contraire, la silhouette oversize se réinvente avec goût. Les blazers aux épaulettes marquées, portés avec une jupe crayon ou un pantalon à pinces taille haute, redéfinissent la féminité moderne tout en gardant une allure soignée. Les détails, tel un col bien coupé ou une manche délicatement dessinée, prennent une importance capitale. Chaque pièce raconte une histoire, celle d’un luxe raffiné qui ne cherche pas à se faire remarquer, mais qui attire tout de même les regards.

Un nouveau mode de consommation

Cette tendance ne s’adresse pas seulement à une élite raffinée. Elle invite chacun d’entre nous à prendre conscience de notre consommation et à nous diriger vers des choix plus responsables. Le Quiet Luxury encourage l’achat de pièces durables qui résistent à l’épreuve du temps. Loin de l’obsolescence programmée, il prône une garde-robe essentielle, où chaque vêtement est choisi avec soin. Cela s’inscrit dans une évolution de la psychologie de consommation qui valorise la qualité sur la quantité, un changement qui ne peut qu’être salué dans un monde qui souffre parfois d’un excès d’articles jetables.

En ce qui concerne les accessoires, cette tendance nous pousse également vers la simplicité. Les bijoux héritent d’un esprit vintage qui rappelle une époque où l’élégance ne se mesurait pas à la taille des diamants. Les montres classiques, comme la Tank de Cartier ou la Première de Chanel, font un retour glorieux, incarnant à elles seules cette recherche d’authenticité. Sur le plan des chaussures, le confort est roi : les ballerines et mocassins prennent le devant de la scène, accompagnés de talons discrets ou de modèles plats.

Et que dire des ceintures ? Simples et fines, elles deviennent l’accessoire incontournable, permettant d’ajouter une touche d’élégance à n’importe quelle tenue. La ceinture Kelly d’Hermès et le modèle Triomphe de Céline connaissent un succès sans précédent, réaffirmant le pouvoir des détails folds rock.

Une évolution des podiums

Sur les podiums, cette tendance a déjà fait des vagues. Des maisons comme Saint Laurent et Céline ont su réinterpréter leurs classiques avec une nouvelle vision monochrome, oscillant entre sobriété et sophistication. Anthony Vaccarello, à la tête de Saint Laurent, a su donner vie à une collection qui parle directement au cœur de cette tendance, mettant en avant des silhouettes minimalistes aux tons neutres et aux matériaux de grandes qualités. Voilà le véritable chic moderne : un hommage à l’élégance discrète qui attire le regard sans jamais le forcer.

Et si cette tendance existait déjà ?

La mode, cette vaste mer d’expressions culturelles, de récits narratifs et de mouvements éphémères, semble aujourd’hui être le théâtre d’une révolution discrète mais significative : le retour du minimalisme, un hommage à la simplicité, à la qualité et à ce qui pourrait être nommé le « Quiet Luxury ». Mais ne nous y trompons pas : cet amour pour le minimalisme n’est pas une nouveauté. Il va puiser ses racines dans le passé, dans des maisons qui ont toujours adopté ce style, souvent jugé austère par les audacieux du prêt-à-porter flamboyant. Pensez aux icônes telles que Jil Sander, Helmut Lang, Prada, Loro Piana, Bruno Cucinelli, Zegna, et The Row. Ces marques, à travers les décennies, ont prôné des lignes épurées et une esthétique désencombrée, mettant en avant une forme de sophistication muette.

Dans les années 2010, un phare est apparu dans cette mer de tissus et de coupes : Phoebe Philo, à la tête de Céline, a véritablement enfanté une ère nouvelle. Avec ses créations, elle a insufflé un souffle inédit à la mode contemporaine, créant un style que l’on pourrait qualifier de « Quiet Luxury ». Cela a séduit une pléthore d’adeptes, les « philophiles », qui trouvent dans ces vêtements non seulement un outil d’expression personnelle mais une attitude de vie. R., consultante mode, l’a parfaitement illustré : « Phoebe Philo a changé ma façon de percevoir la mode. On vit dans ses vêtements, on peut les porter pour travailler, courir, aller en soirée. Ce ne sont pas juste des vêtements, c’est toute une attitude. Ce sont des pièces que je porterai au fil des années. »

Cependant, le départ de Philp a marqué une rupture, engendrant l’ère de « Old Céline », une époque digne d’un chapitre au sein de l’histoire de la mode. Ce vide, bien que palpable, n’a pas tardé à être comblé par d’autres créateurs qui, tels des héritiers de ce mouvement, ont su s’approprier ces valeurs. On peut citer la maison Bottega Veneta, qui, sous la houlette de Daniel Lee, ancien assistant de Phoebe Philo, a brillamment réinterprété les codes d’Old Céline, créant cette sensation d’« effortless chic » à travers des blazers oversize et des pantalons taille haute.

Et puis il y a cette nuance fascinante à considérer : le style minimaliste et élégant n’a pas été le propre des podiums et des défilés. Souvent, il s’est glissé dans le vestiaire des générations de PDG de la tech. Le look emblématique de Steve Jobs avec son col roulé noir et son jean, ce dernier étant un Issey Miyake à 2000 €, illustre à merveille cette tendance discrète. De même, Marc Zuckerberg, dont le T-shirt, loin d’être banal, vaut 600 € car c’est une pièce signée Bruno Cucinelli, symbolise à quel point le vêtement peut devenir terrain d’expression de pouvoir, d’élégance et d’autorité. En fin de compte, comme le dit si bien le dicton, « When you Know, you Know ! », lorsque vous êtes initié à cette esthétique, rien d’autre n’a d’importance.

Mais qu’est-ce qui explique cet engouement soudain et ce retour en grâce du minimalisme ? En grande partie, la pandémie mondiale a changé nos valeurs et nos priorités. Confinés, nous avons pris l’habitude de privilégier le confort au détriment de l’extravagance. Ces temps de réflexion nous ont naturellement poussés vers des choix vestimentaires plus simples, plus qualitatifs et plus durables. Nous avons vu un véritable tournant dans nos habitudes de consommation, où la seconde main et le vintage ont pris leurs lettres de noblesse dans notre quotidien. Les consommateurs se sont tournés de plus en plus vers une mode responsable, obtenant ainsi des basiques intemporels qui défient les tendances passagères.

Aujourd’hui, cette tendance ne fait pas que s’intensifier. Des maisons comme Gucci suivent la cadence, négligeant le style éclectique d’Alessandro Michele au profit d’une vision plus élitiste sous la direction de Sabato De Sarno. Les anciennes icônes refont surface, prouvant que le minimalisme peut être à la fois intemporel et innovant. Des marques emblématiques comme Celine, Bottega Veneta, Max Mara et Hermès, la papesse de l’ultra luxe, continuent de redéfinir le style à travers des pièces d’une qualité remarquable.

Et même les marques de Fast Fashion, telles que Massimo Dutti, Cos ou Zara, ne rechignent pas à surfer sur cette vague minimaliste, proposant des pièces de meilleure qualité en éditions limitées pour attirer une clientèle de plus en plus exigeante. Cependant, il est crucial de se rappeler que le Quiet Luxury demeure avant tout un symbole d’élite, car ces pièces onéreuses ne sont pas accessibles à tous. La mode, en évoluant vers une simplicité audacieuse, ne s’adresse qu’à un cercle restreint de privilégiés, tandis que les tentatives des marques de Fast Fashion d’imiter cette essence peuvent souvent paraître superficielles.

En somme, il semblerait que la mode soit revenue à des choses plus simples et essentielles, comme un retour aux sources artistiques. Ce revival du minimalisme, plus qu’une tendance, paraît représenter l’une de ses manifestations les plus puissantes. Le style Quiet Luxury, enraciné dans une sophistication claire et dénuée de prétention, témoigne d’une évolution qui allie confort, qualité, et subtilité. Alors, la prochaine fois que vous vous vêtirez, souvenez-vous que parfois, le luxe se trouve dans la simplicité et la perfection d’une pièce bien conçue. Le minimalisme n’est pas simplement une esthétique ; c’est une promesse de sophistication mutique, un cri assourdissant que l’élégance n’a pas besoin d’être bruyante pour être entendue.

Un chic à redéfinir

Le Quiet Luxury réinvente notre façon de percevoir le luxe. En réaffirmant que la mode ne doit plus être synonyme d’ostentation, il nous guide vers une esthétique épurée et hautement réfléchie. Les vêtements, les couleurs, les coupes et les accessoires se synchronisent pour former un tout harmonieux, où chaque élément raconte une histoire d’élégance authentique. Alors qu’allons-nous choisir pour nos garde-robes ? Une mode consumériste et bruyante ou bien une approche plus sobre et raffinée, mettant en avant l’art du détail ? À nous de jongler avec ces choix, car de cette manière, nous participons activement à la renaissance d’un luxe qui, enfin, semble avoir compris le véritable camouflet de l’élégance : le chic d’une discrétion calculée.

Gérard Flamme

Article écrit avec la complicité de Luxe Infinity. https://www.luxe-infinity.com/

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