L’année 1952 résonne comme un point d’ancrage, un acte fondateur dont les ondes persistent encore aujourd’hui dans l’atmosphère vibrante de cet établissement casablancais. Ici vous entrez dans un lieu imprégné d’histoire, un sanctuaire où les murs eux-mêmes semblent murmurer des récits de générations passées.
Avant de vous parler avec amour « oui avec amour » de ce lieu, juste un écho cinématographique. La série de films Don Camillo – 1952-, a marqué durablement l’imaginaire collectif. Elle propose une réflexion subtile sur la réconciliation, le compromis et la nature humaine. Le curé Don Camillo, interprété avec brio par Fernandel, et le maire communiste Peppone, incarné par Gino Cervi, s’affrontent sur des enjeux politiques et idéologiques, mais partagent un amour profond pour leur village et ses habitants.
Revenons au restaurant
L’accueil ici y est tel qu’il suscite immédiatement un sentiment d’appartenance, une familiarité réconfortante qui transcende le simple acte de restauration. Depuis sa fondation en 1952, le restaurant Don Camillo (oui 1952 l’année cina )s’est imposé comme une institution incontournable de Casablanca. Il incarne une époque, un certain esprit et une tradition culinaire qui continue de séduire les générations.
Sa singularité réside dans son mariage harmonieux de trois grandes cuisines européennes : l’italienne, l’espagnole et la française, un témoignage de l’ouverture et du cosmopolitisme qui caractérisent la ville blanche.
L’attrait de Don Camillo ne se limite pas à sa carte variée et appétissante. Le restaurant est avant tout une expérience, une plongée dans une ambiance chaleureuse et conviviale. Cette atmosphère unique, si souvent qualifiée de « brasserie casablancaise », est le fruit d’un héritage précieux que Manuel Carrillo, fils du fondateur, s’efforce de préserver avec passion et dévouement. Il a compris que la pérennité de Don Camillo ne dépend pas uniquement de la qualité de ses plats, mais aussi de la capacité à maintenir vivant l’esprit qui a fait sa renommée.
En proposant une cuisine diversifiée, Don Camillo reflète l’histoire et le brassage culturel de Casablanca. On y retrouve la convivialité de la cuisine espagnole, la finesse et l’élégance des plats français, et la générosité des saveurs italiennes. Ce mélange, savamment orchestré, permet de satisfaire tous les palais et de proposer une expérience culinaire riche et mémorable.
Au-delà des plats savoureux, c’est l’engagement de Manuel Carrillo qui garantit la continuité de cette institution. Il s’inscrit dans une lignée, perpétuant le savoir-faire et les valeurs qui ont fait le succès de Don Camillo. Son attachement à l’esprit « brasserie casablancaise » témoigne d’une volonté de préserver une part du patrimoine culinaire de la ville, offrant à ses clients un voyage dans le temps et une immersion dans l’histoire locale.
Le rituel du Tartare: un de mes souvenirs d’enfance
« Je me souviens… » Ces mots murmurent un souvenir précis, celui d’un enfant, absorbé dans l’observation silencieuse du monde adulte. « Assis au fond du restaurant paternel, à l’âge fragile de huit ou dix ans, j’étais témoin d’une chorégraphie précise, un rituel presque sacré : la préparation du steak tartare, entre autre ».
« Mon père, maître des lieux, orchestrait chaque étape. Le tranchage méticuleux de la viande, l’ajout précis des épices, une véritable alchimie culinaire. Puis, la présentation solennelle au client, une proposition délicate, pleine de respect. Ces minutes s’étiraient, chargées d’anticipation.«
« Et finalement, le miracle se produisait. Un simple mot, un « Oui » prononcé avec conviction, libérait une vague de satisfaction palpable. Pour l’enfant que j’étais, c’était bien plus qu’un simple plat. C’était la consécration du travail, la récompense d’un savoir-faire, et l’affirmation d’un lien, celui du restaurateur et de son client, uni par le plaisir d’un mets préparé avec passion. Ce « Oui » résonne encore, comme un écho du dévouement et de l’art qui façonnaient l’univers de mon père. Alors aujourd’hui je perpétue ce rituel.«
Pour revenir à mes parents: Un destin imprévu à Casablanca
» L’histoire de mes parents est celle d’une aspiration transatlantique avortée, un récit commun à tant d’âmes en quête d’un eldorado. Fuyant l’Espagne, ils nourrissaient le rêve de fouler le sol américain, terre promise d’opportunités et d’épanouissement. Leur voyage, motivé par l’espoir d’une vie meilleure, les conduisit d’abord au Maroc, un simple tremplin, une escale temporaire sur le chemin de l’Amérique ».
« Cependant, le destin, avec son ironie parfois cruelle, décida autrement. Les plans élaborés avec soin se heurtèrent à la complexité du réel, aux obstacles imprévus et aux aléas de l’immigration. L’Amérique, restée à l’horizon, se révéla inaccessible. Loin d’être un simple point de passage, Casablanca devint alors un point d’ancrage, un nouveau foyer. »
Cette terre d’accueil, initialement perçue comme un lieu provisoire, s’imposa. Contraints par les circonstances, ils y reconstruisirent une existence, tissèrent des liens et firent fleurir leur propre histoire, malgré l’éloignement du rêve initial. Ainsi, leur parcours, imprégné d’espoir et de résilience, témoigne de la capacité humaine à s’adapter et à trouver un nouveau sens à la vie, même lorsque les chemins empruntés divergent de la trajectoire initialement envisagée. Leur histoire est un rappel que parfois, le véritable voyage n’est pas celui que l’on planifie, mais celui que la vie nous impose.
L’Écho d’une époque : L’âme d’un établissement casablancais perpétuée
Don Camillo est un lieu de mémoire, un symbole de l’histoire de Casablanca et un exemple de réussite familiale. L’alliance de la tradition culinaire et de l’engagement passionné de Manuel Carrillo assure la pérennité de cette institution, qui continue d’enchanter les Casablancais et les visiteurs du monde entier. Son succès repose sur une formule simple mais efficace : une cuisine de qualité, une ambiance chaleureuse et un respect profond de l’héritage de ses fondateurs.
Ce n’est pas un hasard si les hommes d’affaires pressés, voyageurs curieux et autochtones casablancais s’y croisent avec une régularité impressionnante. L’ambiance chaleureuse, orchestrée avec soin, sert de creuset où les barrières s’effacent et où une camaraderie authentique prend forme. Cette atmosphère conviviale est indissociable d’une cuisine sincère et honnête, qui refuse les artifices et privilégie l’authenticité des saveurs. Le menu, riche et varié, rend hommage aux traditions culinaires italiennes, françaises et espagnoles, offrant un voyage gustatif à travers le bassin méditerranéen. La carte des vins, soigneusement élaborée, complète l’expérience culinaire, offrant un accord parfait pour chaque plat. Pour certains habitués, cet endroit est devenu bien plus qu’un restaurant : c’est une cantine, un refuge, un lieu de retrouvailles où les plaisirs simples de la table et de la conversation se conjuguent harmonieusement.
La transmission est au cœur de l’histoire de cette institution. Après le règne éclairé de Rafael, c’est désormais son fils, Juan Manuel, qui a pris les rênes. Ce passage de témoin s’est effectué dans la plus pure tradition, Juan Manuel ayant hérité de la gentillesse, du professionnalisme et de l’attachement viscéral à ce lieu qui caractérisaient son père. Il ne s’agit pas simplement de perpétuer une activité commerciale, mais de maintenir vivant l’esprit, l’âme de l’établissement, en préservant les valeurs qui ont fait son succès et sa renommée. On retrouve en lui la même volonté de satisfaire sa clientèle, de lui offrir une expérience unique et mémorable, faisant de ce lieu un symbole de continuité dans un monde en perpétuel mouvement.
L’expérience proposée par cet établissement ne se limite pas à la gastronomie. Chaque vendredi soir, l’atmosphère s’électrise au son du jazz live, ajoutant une dimension sensorielle supplémentaire à la dégustation. Les notes de musique se mêlent aux arômes enivrants, créant une ambiance à la fois festive et intimiste. Le jazz, par son improvisation et sa liberté d’expression, semble en parfaite adéquation avec l’esprit du lieu : un mélange de tradition et de modernité, de rigueur et de spontanéité. Cette soirée hebdomadaire est devenue un rendez-vous incontournable pour les amateurs de bonne musique et de convivialité, contribuant à renforcer l’identité unique de cet établissement.
Une offre boissons variée et internationale
Le restaurant présente une carte des vins diversifiée, susceptible de satisfaire un large éventail de palais. Au-delà du « vin du mois », une initiative prometteuse pour la découverte, la carte se structure autour de piliers reconnus, à savoir les vins de Bordeaux et les vins italiens, gages d’excellence et d’histoire. L’ouverture sur le monde ne s’arrête pas là, puisque l’établissement propose également une sélection de bières internationales, avec une focus sur les saveurs marocaines et allemandes, cette dernière étant disponible à la pression, un atout pour les amateurs de bière fraîche. Enfin, l’établissement complète son offre par une collection de liqueurs soignée, incluant des classiques tels que l’amaretto, le limoncello et le whisky, suggérant une volonté d’accompagner chaque moment du repas, de l’apéritif au digestif.
Cet endroit est une institution casablancaise, un témoin privilégié de l’évolution de la ville au fil des décennies. Son histoire, son ambiance chaleureuse, sa cuisine authentique, son personnel dévoué et compétent et ses soirées jazz en font une adresse véritablement coup de cœur, un lieu où l’on se sent immédiatement chez soi et où l’on a envie de revenir encore et encore. C’est un lieu où le passé et le présent se rencontrent, où les générations se croisent et où l’art de vivre à la casablancaise s’exprime pleinement. C’est une adresse à recommander, à chérir et à faire découvrir, un joyau caché au cœur de Casablanca.
Adresse: 15/17 Rue Abou Raqraq – Casablanca – Tel. fixe : +212.05.22.31.16.44
Gérard Flamme
