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L’Orchestre Philharmonique du Maroc, de nouveau sur la scène internationale

L’Orchestre Philharmonique du Maroc, de nouveau sur la scène internationale

Du 10 au 15 février 2025, Casablanca et Rabat ont vibré au rythme des notes délicates et puissantes du piano, accueillant la 21ᵉ édition du Concours International de Musique de l’Orchestre Philharmonique du Maroc (OPM).


Cet événement exceptionnel, placé sous l’égide de la Fondation de l’Académie du Royaume du Maroc, se positionne comme un véritable tremplin pour les jeunes talents musiciens du monde entier. La passion, l’émotion et l’excellence ont été au rendez-vous, et il est impossible de rester indifférent face à une telle célébration artistique !

Depuis sa création en 2001, ce concours a su s’imposer comme un événement incontournable dans le paysage musical classique, révélant de nombreuses étoiles montantes qui aujourd’hui illuminent les scènes internationales. Il faut le souligner.

Chaque édition nous rappelle que la musique classique, loin d’être figée, continue d’évoluer et de s’enrichir grâce aux nouvelles générations de musiciens. Cette année, c’est le piano qui a été élevé au rang de vedette. Loin d’être un simple instrument, le piano est un univers à lui seul, un instrument de nuances et de textures, capable de transmettre des émotions profondes et variées.

Les demi-finales, qui se sont déroulées les 10 et 11 février au Théâtre Mohammed VI à Casablanca, ont tenu la promesse d’être un véritable moment de grâce musicale. Les candidats se sont produits sur scène en récital solo, déployant leurs talents individuels avant de s’unir à l’orchestre sous la direction de la talentueuse Dina Bensaïd. Les œuvres choisies, comprenant des chefs-d’œuvre de Beethoven et de Mozart, ont été des tests de bravoure pour tout pianiste. Elles exigent non seulement une technicité irréprochable mais aussi une interprétation sensible et nuancée, un véritable dialogue entre le musicien et les compositeurs, à travers les siècles.

La grande finale : Une soirée éblouissante de Musique

Le 14 février, le Théâtre Mohammed V de Rabat a accueilli la grande finale, un concert qui a été l’apothéose de cette compétition féconde. Les trois meilleurs candidats selon le jury international se sont produit en direct, et, accompagnés par l’OPM sous la direction du chef d’orchestre Pierre-Michel Durand. Ils ont interprété des œuvres emblématiques. Les finalistes, tour à tour, ont dû faire appel à toute leur sensibilité artistique pour captiver non seulement le jury mais aussi un public impatient de découvrir qui pourrait être couronné. Et pour ajouter une touche d’interactivité, le public a eu la possibilité de voter pour son interprète favori, soulignant ainsi le lien indéfectible entre l’artiste et son auditoire.


Yongqiu LIU – Chine : Tchaikovsky, Concerto pour piano n°1 en si bémol majeur, op. 23

Ouvrons le bal avec Yongqiu Liu, une artiste émergente de Chine, dont l’interprétation du Concerto pour piano n°1 de Tchaikovsky nous a fait la promesse d’être aussi passionnée que virtuose. Ce concerto est une véritable montagne russe émotionnelle, avec ses thèmes grandioses et ses passages délicats qui nous prennent par surprise. Tchaikovsky est un compositeur dont les œuvres sont imprégnées de mélancolie et de passion, et ce concerto en est le parfait exemple.

Dès les premières mesures, nous avons été saisis par la fougue et l’intensité de l’exécution de Yongqiu. Chaque note a été un reflet de son âme, une danse entre puissance et délicatesse. Les crescendos audacieux et les pianissimos intimes ont tissé une toile sonore où l’orchestre et le piano se sont unis dans une communion parfaite.


Akito TANI – Japon : Brahms, Concerto pour piano n°2 en si bémol majeur, op. 83

Ensuite, nous avons eu le privilège d’écouter Akito Tani, talent venu du Japon, qui s’est penché sur l’œuvre magistrale de Johannes Brahms. Son Concerto pour piano n°2 est un véritable monument, souvent considéré comme l’un des plus grands concertos du répertoire pianistique. Chaque mouvement de cette composition majestueuse détient une profondeur émotionnelle inouïe, faisant appel à la force, à la passion, mais aussi à une sublime tendresse.

Akito, avec son interprétation attentive et nuancée, a su capturer toute la richesse de cette œuvre. Les passages puissants, chargés d’une énergie frénétique, se sont alternés avec des moments de douceur infinie, créant un dialogue fascinant entre le piano et l’orchestre. Nous avons vécu une expérience où la complexité musicale s’est marié à la sensibilité, et où chaque note jouée par Akito a été comme une caresse pour l’âme.


Jinhyung PARK – Corée du Sud : Prokofiev, Concerto pour piano n°3 en ut majeur, op. 26

Pour clore cette soirée mémorable, nous avons eu le plaisir d’applaudir Jinhyung Park, jeune talent prometteur de Corée du Sud, Éclatant et très technique, ce concerto est le terrain de jeu idéal pour un pianiste en quête de défis, et Jinhyung, avec son jeu à la fois audacieux et poétique, a su nous emmener.

Le rythme effréné et les changements de registres intempestifs de Prokofiev ont annoncé un feu d’artifice musical qui a su éblouir le public. La façon dont il a manœuvré les intervalles complexes et les motifs mélodiques est rien de moins qu’un exploit. Les deux premiers mouvements nous ont plongé dans une tempête d’émotions, tandis que le mouvement final, avec son caractère danse, nous a entraîné dans un tourbillon euphorique, faisant vibrer la salle.


Dina Bensaïd et Pierre-Michel Durand: deux chefs d’orchestre exceptionnels

Dina Bensaïd : Une artiste engagée et éclectique

Dina Bensaïd incarne une figure remarquable de la scène musicale contemporaine, alliant virtuosité pianistique et talent de direction d’orchestre. Diplômée du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, où elle s’est formée auprès de Jacques Rouvier et Frank Braley, elle a débuté sa carrière comme pianiste concertiste. Son parcours l’a menée à se produire dans des salles prestigieuses en Europe, telles que la Philharmonie de Paris et le Victoria Hall à Londres, où elle a su conquérir un public exigeant par l’élégance de son jeu et la profondeur de ses interprétations.

En parallèle de sa carrière de pianiste, Dina Bensaïd s’illustre également en tant que cheffe d’orchestre, une ambition qu’elle a nourrie en étudiant auprès de maîtres reconnus tels que Nicolas Brochot, Jorma Panula et Martin Sieghart. Depuis sa nomination en 2020 en tant que cheffe assistante de l’Orchestre Philharmonique du Maroc, elle développe un répertoire riche et varié, allant des chefs-d’œuvre classiques aux créations contemporaines. Son engagement artistique se manifeste à travers des collaborations avec des orchestres renommés tels que le London Chamber Orchestra et le Budapest MÁV Symphony Orchestra, sous la houlette de chefs d’orchestre prestigieux.

Les nombreuses récompenses qu’elle remporte dans des concours internationaux témoignent de son talent exceptionnel. En devenant la première marocaine à participer au Concours Musical de la Reine Elisabeth de Belgique, elle ouvre la voie à de futures générations d’artistes..

Pierre-Michel Durand : Un maître de la direction d’orchestre

Pierre-Michel Durand, figure éminente de la musique classique en France, a su s’imposer comme un chef d’orchestre d’exception au fil des années. Lauréat du Premier Prix du Concours International de Direction d’Orchestre de Prague, il a enrichi de nombreux festivals de sa direction inspirée, notamment à Radio-France et Montpellier avec l’Orchestre Simon Bolivar, ainsi qu’à Besançon et au Mai Musical de Florence. Son parcours commence à l’Opéra de Paris, où il parfaire son expertise avant d’être invité par des orchestres prestigieux tels que l’Orchestre Lamoureux et l’Orchestre Philharmonique de Lorraine. En tant que chef associé de l’Orchestre national de Lille, il a su établir une connexion forte avec le public et les musiciens.

Sa passion pour l’opéra l’a amené à diriger un répertoire varié allant de Mozart à Puccini, tout en collaborant avec des artistes de renom tels que Natalie Dessay et Roberto Alagna. Ses performances sur des scènes emblématiques, comme les Arènes de Nîmes et le Théâtre du Châtelet, témoignent de son talent inégalé et de sa capacité à interpréter des œuvres majeures.

En qualité de professeur de direction d’orchestre à Paris, Durand partage son savoir et son expérience avec la nouvelle génération de chefs d’orchestre, assurant ainsi la pérennité de l’art qu’il défend. Son rôle en tant que directeur du Département de Formation à l’Orchestre révèle son investissement dans l’éducation musicale.

Un jury emblématique

Le jury présidé par le talentueux Jean-Claude Vanden Eynden, n’a pas manqué de nous émerveiller avec sa diversité culturelle. C’était une palette de talents venus des quatre coins du monde, chacun apportant une touche unique à cet événement musical. Prenons par exemple Alessio Falciani d’Italie. Avec son style passionné, il sait transporter son public dans un voyage romantique. À ses côtés, Hyelim Kim et Jinhyung Park de Corée du Sud savent captivé l’audience avec leur virtuosité impressionnante, mêlant traditions classiques et influences modernes.

Et que dire de Yongqiu Liu, originaire de Chine ? Son interprétation d’œuvres classiques nous rappelle la richesse de la culture asiatique. Pedro Lopez Salas, représentant l’Espagne, sait toujoujours ajouter une énergie flamboyante à la compétition, avec des notes qui résonnent comme des airs de flamenco. Kojiro Okada, basé en France, mélange savamment élégance et technique, tandis qu’Akito Tani du Japon a enchanté le jury avec ses nuances délicates et poétiques. OUI c’était cela le jury international.

Le gagnant : Jinhyung PARK – Corée du Sud

Parler d’un artiste. Aurions nous cette prétention ?. Aussi nous avons choisi de manière totalement arbitraire de vous proposer une œuvre que ce talent a joué il y a quelques temps.


Le concours international de l’OPM

Le concours international de l’OPM ne se limite pas seulement à la découverte de nouveaux virtuoses. Il incarne également un acte fort de démocratisation de l’accès à la musique classique. Grâce au soutien du ministère de la Culture, du Théâtre Mohammed V, et de la région Casablanca-Settat, entre autre cet événement devient une plateforme d’accès libre pour tous. Les mélomanes, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, ont l’opportunité d’assister à des performances de haut vol sans aucun frais d’entrée. Les billets, disponibles en téléchargement gratuit via la plateforme en ligne de l’OPM, témoignent d’une volonté sincère d’élargir l’audience de la musique classique au Maroc et d’éveiller les nouvelles générations à l’excellence artistique.

Cette finale a été un spectacle à la hauteur des plus grand événements internationaux. Elle a été aussi le reflet du dévouement et de la passion de jeunes prodiges venus des quatre coins du monde pour se mesurer à des chefs-d’œuvre du répertoire classique.


Véritable incubateur de projets culturels : La Fondation Ténor pour la Culture

La 21e édition, dédiée au piano, est organisée sous l’égide de la Fondation de l’Académie du Royaume du Maroc, en partenariat avec la Fondation Ténor pour la Culture, avec le soutien du Ministère de la Culture, du Théâtre Mohammed V de Rabat et de la Région Casablanca-Settat.  

Pour aller plus loin: https://www.opmcompetition.ma/

Gérard Flamme

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