Du 24 au 26 avril, la ville de Rabat se transformera en un carrefour intellectuel et artistique grâce à l’événement culturel « Érase una vez al-Ándalus » (Il était une fois al-Andalus).
Cette initiative, orchestrée par l’association Passado Vivo et la Fondation Al Mada, en collaboration avec la Fondation Trois Cultures et avec le soutien précieux des ambassades d’Espagne et du Portugal au Maroc, témoigne d’une volonté renouvelée de mettre en lumière le riche héritage andalou et les liens profonds qui unissent, depuis des siècles, la péninsule Ibérique et le Maroc. L’événement s’inscrit dans un contexte plus large, celui de la 30ème édition du Salon international du livre de Rabat, renforçant ainsi son impact et sa portée culturelle.
La Fondation Al Mada, lieu d’accueil de cet événement pluridisciplinaire, offre un espace propice à la rencontre, à l’échange et au dialogue autour de ce patrimoine commun. Plus qu’une simple commémoration du passé, « Érase una vez al-Ándalus » se présente comme une exploration active des influences réciproques qui ont façonné les cultures ibériques et marocaines, tant sur le plan historique que culturel et artistique. L’initiative vise à transcender les frontières géographiques et temporelles, en explorant les résonances contemporaines de cet héritage ancestral.

La Fondation Trois Cultures, partenaire essentiel de cette manifestation, apporte une contribution significative à travers deux propositions spécifiques qui enrichissent le programme et permettent une immersion plus profonde dans l’univers andalou. D’une part, un atelier de calligraphie arabe offrira aux participants l’opportunité de s’initier à cet art millénaire, véritable pilier de l’art islamique classique. Au-delà d’une simple maîtrise des techniques de l’écriture, cet atelier permettra de saisir la dimension esthétique et spirituelle de la calligraphie, transcendant le langage pour devenir une expression de l’âme et de la créativité. L’apprentissage des bases de cette tradition artistique ancestrale constitue une invitation à la contemplation et à la compréhension des valeurs qui sous-tendent l’art islamique.
D’autre part, la conférence intitulée « L’art de la calligraphie dans l’Islam du Moyen Âge », présentée par la chercheuse Wallada Touriño Iglesias, promet d’éclairer le rôle crucial de la calligraphie en tant que vecteur de connaissance, de beauté et de spiritualité au sein de l’Islam médiéval, avec une attention particulière portée à son développement florissant en al-Andalus. Cette présentation, prévue le jeudi 24 avril à 16h15, offrira une perspective érudite et approfondie sur l’importance de la calligraphie dans la transmission du savoir, la diffusion des idées et l’expression de la foi. En explorant l’histoire et les spécificités de la calligraphie andalouse, la conférence permettra de mieux comprendre les influences et les innovations qui ont marqué cet art et son impact sur la culture et la civilisation de l’époque.

La conférence de Wallada Touriño Iglesias soulignera certainement comment, en al-Andalus, la calligraphie n’était pas simplement une technique d’écriture, mais une forme d’art sacrée, étroitement liée à la transmission du Coran et des textes religieux. Les manuscrits enluminés, les inscriptions architecturales et les objets d’art ornés de calligraphies témoignent de l’importance de cet art dans la vie quotidienne et religieuse des musulmans d’al-Andalus. De plus, la conférencière explorera probablement les différentes écoles et styles de calligraphie qui ont prospéré en al-Andalus, mettant en évidence les contributions des calligraphes les plus talentueux et les innovations techniques qui ont permis de produire des œuvres d’une beauté et d’une complexité exceptionnelles. En abordant la dimension spirituelle de la calligraphie, la conférence permettra également de saisir le rôle de cet art dans la méditation, la contemplation et l’élévation spirituelle.
L’initiative « Érase una vez al-Ándalus » et la participation active de la Fondation Trois Cultures représentent un effort louable pour promouvoir la compréhension interculturelle et le dialogue entre les civilisations. En mettant en lumière l’héritage andalou et les liens historiques qui unissent la péninsule Ibérique et le Maroc, cet événement contribue à renforcer les relations culturelles et à encourager un regard plus nuancé et éclairé sur le passé. Il est essentiel de rappeler que al-Andalus fut une période de coexistence et d’échange entre les cultures musulmane, chrétienne et juive, une période où la science, les arts et la philosophie ont connu un essor remarquable. En revisitant cette histoire riche et complexe, « Érase una vez al-Ándalus » nous invite à réfléchir sur les enjeux contemporains du dialogue interreligieux, de la tolérance et du vivre-ensemble.

Au-delà des conférences et des ateliers, l’événement offrira probablement une occasion unique de découvrir et de valoriser les expressions artistiques contemporaines qui s’inspirent de l’héritage andalou. Des expositions, des concerts, des projections de films et des performances artistiques pourraient enrichir le programme et permettre aux participants de s’immerger pleinement dans l’atmosphère andalouse. Il serait également pertinent d’organiser des rencontres et des débats avec des artistes, des écrivains et des chercheurs qui travaillent sur le thème de l’héritage andalou, afin de susciter des échanges enrichissants et de promouvoir la création artistique contemporaine.

Aussi, « Érase una vez al-Ándalus » à Rabat est bien plus qu’un simple événement culturel. C’est une invitation à un voyage dans le temps, une exploration des racines communes et une célébration de la diversité culturelle. En mettant en lumière l’héritage andalou, cet événement contribue à renforcer les liens entre la péninsule Ibérique et le Maroc, tout en promouvant les valeurs de tolérance, de dialogue et de respect mutuel. Il s’agit d’une initiative importante et prometteuse qui, espérons-le, suscitera un intérêt durable et contribuera à une meilleure compréhension des enjeux contemporains du monde arabo-musulman et de ses relations avec l’Occident.
Gérard Flamme