Dans la Kasbah des Oudayas à Rabat, le Musée national de la parure a ouvert ses portes ce lundi 9 janvier. Le monument du musée datant du XVIIème siècle et son jardin andalou inspiré de l’Alhambra, ont été complètement restaurés.
Quelques 800 œuvres (taj, lebba, poignards, caftans,…) dont 500 parures provenant de la collection personnelle de bijoux amazighs du roi Mohammed VI y sont exposées. Le parcours scénographié par Christophe Martin entend rendre compte de la diversité des techniques de fabrication et situe les grands centres de production de bijoux au Maroc : Essaouira, Marrakech, Fès et Tétouan pour les bijoux dits citadins principalement réalisés en or ; Ighrem, Tiznit, Ida ou Nadif pour les bijoux ruraux, exclusivement produits en argent. La Fondation Nationale des Musées et la conservatrice du musée Fatima-Zahra Khlifi ont également pris le parti de montrer, en début de parcours, des parures préhistoriques, une façon de “changer notre regard sur l’homme de la préhistoire”, note Abdelaziz El Idrissi, commissaire de cette exposition inaugurale.
Un espace d’exposition temporaire présente également les créations des stylistes contemporains Tamy Tazi, Albert Oiknine et Zhor Rais qui revisitent le caftan traditionnel.
Tami Tazi se consacre à la haute couture depuis 1970. Elle a cotoyé les salons de Cganel, Givenchy, Dior et a entretenu une amitié certaine durant 40 ans avec Yves St Laurent. Après quelques années, elle crée sa propre maison de couture et elle modernise le caftan. Pour se faire, elle utilise des tissus légers, des coupes plus fluides, des silhouettes plus affinées, proposant à la femme marocaine active et urbaine un vêtement alliant le sublime au confort des coupes plus actuelles.
Albert Oiknine quant à lui se passionne pour le stylisme très jeune grâce entre à sa mère couturière et décroche un diplôme de stylisme. Depuis 2000 il enchaine les défilés Caftan haute couture sur les podiums du monde entier. Les vedettes internationales font appel à lui telles que Noémie Lenoir, Adriana Carambeu, Barbara Anelka..
Zhor Rais enfin considère que le caftan étant multiséculaire et lumineux, il serait plus à son avantage dans un lieu digne de son éclat. C’est dans un écrin empreint de pureté que la Maison de couture Zhor Raïs entend rendre hommage à la culture patrimoniale du caftan. Aussi elle crée une association ‘de fil en aiguille » qui met à l’honneur tous les artisans.
Dès le début de la conférence de presse qui a marqué cette réouverture, Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées (qui fête ses 10 ans), a bien sur remercié le roi Mohammed VI pour avoir mis à la disposition du musée de la Parure sa collection personnelle de bijoux. L’ensemble des visiteurs (marocains et étrangers) a été enthousiasmé par la «beauté sublime» du musée national de la Parure qui a rouvert ce lundi 9 janvier 2023 au public dans la kasbah des Oudayas, à Rabat.
Abdelaziz El Idrissi, président du musée Mohamed VI d’art moderne et contemporain, a pour sa part livré l’historique de cette collection de bijoux, affirmant qu’elle a nécessité une préparation par des experts. «Il y a des bijoux d’une beauté sublime qui datent de décennies, voire de siècles», a-t-il souligné.
Un document distribué à cette occasion a fait état de cette particularité. «Confectionnée à la main avec les techniques ancestrales, la parure marocaine se distingue par sa richesse et sa diversité. Elle se révèle à travers les formes, les matières et les techniques utilisées, et reflète l’identité régionale et culturelle nationale», lit-on dans cette brochure.
Le musée national de la Parure des Oudayas, dont la charge de conservatrice a été confiée à Fatima-Zohra Khlifi, abrite environ 800 bijoux marocains parmi lesquels nombre datent de deux siècles. Il abrite également une aile accueillant des caftans pour femmes et hommes.
Il faut rappeler que ce musée a été officiellement inauguré le samedi 7 janvier 2023 par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa, présidente de la Fondation pour la sauvegarde du patrimoine culturel de Rabat. Cinq sections composent le parcours de l’exposition à travers une approche monographique sur quelques aspects de bijoux et des caftans marocains.
La première salle est attribuée à l’évolution historique de la parure et la chaîne opératoire de fabrication, alors que la deuxième est dédiée à l’histoire du costume marocain. Quant à la troisième section, elle est consacrée à la parure masculine et la quatrième à la parure amazighe. La cinquième salle se concentre sur les spécificités régionales des principaux centres de productions du bijou urbain.
Pour célébrer cette réouverture -après environ 3 ans de travaux menés par le ministère de la Culture et la wilaya- la Fondation nationale des musées offre un accès gratuit au musée du 9 au 23 janvier 2023. Le jardin du musée rappelle l’atmosphère et la tradition de l’habitat marocain: le riad. L’espace du jardin andalou est agrémenté d’une mosaïque de plantes et de fleurs offrant une grande variété de couleurs et de parfums.
Le Musée national de la parure vient grossir le nombre de musées nationaux – quatorze en ce début 2023 – et étoffer l’offre muséale de la capitale à côté du Musée d’art moderne et contemporain Mohammed VI, du Musée National de la photographie et du Musée de l’homme et des civilisations de Rabat.
Informations pratiques
Musée national de la Parure et du bijou – les Oudayas – Rabat
Gérard Flamme