Le Maroc, riche d’une histoire ancienne et d’un patrimoine matériel et immatériel d’une diversité imposante, se dote d’un nouvel outil de diffusion culturelle avec le lancement de “Basmat al-Tourath” (L’empreinte du patrimoine).
Cette série animée, fruit de la collaboration entre l’historien Nabil Mouline, chercheur au CNRS ‘France), et le vulgarisateur digital Mustapha El Fekkak, alias “Swinga”, se positionne comme une initiative pionnière visant à rendre accessible au grand public la richesse du patrimoine marocain, en particulier auprès des jeunes générations. Cette démarche, plus qu’un simple divertissement, représente un effort conscient et structuré pour la préservation et la transmission de l’identité du pays à travers les âges.
« Basmat al-Tourath »: Une initiative novatrice pour la diffusion du patrimoine marocain à l’ère numérique

L’impulsion première derrière « Basmat al-Tourath » réside dans la conviction de Nabil Mouline de la nécessité de rendre l’histoire accessible au plus grand nombre. Traditionnellement confinée aux cercles académiques et aux manuels scolaires, l’histoire risque de perdre son attrait auprès du grand public et, en particulier, des jeunes. L’idée maîtresse de la série est donc de transformer l’histoire en un récit vivant et engageant, susceptible de captiver l’attention d’un large public. Pour réaliser cette ambition, Nabil Mouline s’est associé à Mustapha El Fekkak, dont la maîtrise des codes et des outils numériques assure une portée maximale auprès de son audience. Cette alliance stratégique entre rigueur scientifique et expertise en communication digitale est l’une des clés du succès potentiel de la série.
Le format choisi, celui de l’animation, est particulièrement pertinent pour atteindre cet objectif. L’animation, avec son pouvoir d’évocation et sa capacité à simplifier des concepts complexes, permet de reconstituer des scènes historiques, de donner vie à des personnages emblématiques et de rendre l’histoire plus concrète et plus accessible. La diffusion des épisodes durant le mois de Ramadan, période de forte consommation médiatique et de rassemblement familial, est également un choix judicieux pour maximiser l’audience et favoriser les échanges intergénérationnels autour du patrimoine marocain.

Le premier épisode, consacré à Tinmel, est un excellent exemple de la manière dont “Basmat al-Tourath” aborde son sujet. En se concentrant sur ce village du Haut Atlas, berceau de la dynastie Almohade, la série met en lumière un lieu méconnu du grand public, mais d’une importance cruciale dans l’histoire du Maroc. L’approche choisie ne se limite pas à une simple narration des faits historiques. Elle vise à replacer Tinmel dans son contexte géographique, politique et culturel, et à expliquer son rôle déterminant dans la formation d’une identité marocaine distincte. Cette démarche contextualisée et nuancée permet aux spectateurs de mieux comprendre l’impact de ce lieu sur l’histoire régionale et nationale.
L’attente suscitée par les prochains épisodes, dont les thèmes sont volontairement tenus secrets, témoigne de l’engouement du public pour ce type d’initiative. Cet engouement est alimenté par la promesse d’une approche novatrice de l’histoire, qui ne se contente pas de raconter le passé, mais qui le valorise comme un héritage précieux, un élément essentiel de l’identité collective à préserver et à transmettre. « Basmat al-Tourath » se positionne donc comme un véritable rendez-vous culturel incontournable, un moment de découverte et de réflexion partagé par les Marocains, où qu’ils se trouvent.
Au-delà de la diffusion du patrimoine marocain à l’intérieur des frontières nationales, « Basmat al-Tourath » joue également un rôle important dans le rayonnement culturel du Maroc à l’étranger. En mettant en valeur la richesse et la diversité du patrimoine marocain, la série contribue à renforcer l’image du Maroc comme un pays riche en histoire et en culture, et à promouvoir le dialogue interculturel. Dans un monde globalisé, où les identités nationales sont parfois menacées par l’uniformisation culturelle, cette démarche de valorisation du patrimoine national est d’autant plus importante.

Aussi, « Basmat al-Tourath » représente une initiative louable et prometteuse pour la diffusion du patrimoine marocain à l’ère numérique. En combinant rigueur scientifique et innovation narrative, la série parvient à rendre l’histoire accessible et engageante pour un large public. Au-delà de son aspect divertissant, « Basmat al-Tourath » contribue à la préservation et à la transmission de l’identité marocaine, et à la promotion du dialogue interculturel. Elle invite les Marocains à voir le passé non pas comme une mémoire figée, mais comme une source d’inspiration pour bâtir l’avenir. Cette démarche de transmission et de sensibilisation est un engagement en faveur d’une histoire vivante et partagée, et constitue un exemple à suivre pour d’autres pays soucieux de valoriser leur patrimoine.
Gérard Flamme