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24 janvier 1984: Apple attaque IBM

24 janvier 1984: Apple attaque IBM

Le 24 janvier 1984, le monde de l’informatique a été secoué par une annonce qui allait redéfinir le paysage technologique pour les décennies à venir.

Dans une mise en scène magistrale, digne des plus grandes productions, Steve Jobs, le cofondateur d’Apple, dévoile ce jour là le Macintosh. Ce micro-ordinateur, avec son design innovant et son interface conviviale marque alors le début d’une nouvelle ère. À l’époque, la presse internationale soulignait déjà la rivalité acharnée entre les «costumes-cravates» d’IBM et les «gourous en jeans» d’Apple, une dichotomie qui allait captiver l’imagination des consommateurs et des professionnels durant des décennies.

George Orwell, l’écrivain avait prophétisé dans un livre mondialement connu publié en 1949 qu’en 1984, un «Big Brother» surveillerait chaque mouvement des individus. Si l’informatique posait effectivement des défis à la liberté individuelle, elle offrait également des opportunités sans précédent d’émancipation intellectuelle. Le Macintosh, en particulier, représentait un formidable outil pour décupler l’intelligence humaine et transformer la manière dont nous interagissons avec la technologie. Cependant, l’intégration psychologique de cette avancée technologique dans la vie quotidienne restait à faire. C’est dans ce contexte que le duel entre IBM et Apple s’est intensifié, avec chacun des géants tentant de s’imposer comme le leader incontesté du marché.

IBM, en tant que numéro un mondial de l’informatique, incarnait le géant impassible, avec ses vendeurs en costume trois-pièces et son image de sérieux et de fiabilité. D’un autre côté, Apple se présentait comme le champion de l’innovation, avec son logo emblématique d’une pomme à demi croquée, symbole d’une créativité débordante. Les «gourous en jeans» de la firme californienne, passionnés et visionnaires, avaient pour mission de révolutionner le monde de l’informatique. La phrase provocatrice d’Apple, «Ne dites pas à ma mère que je travaille chez Apple, elle me croit chez IBM», illustre parfaitement ce clivage culturel et idéologique entre les deux entreprises.

IBM, fort de son mythe et de son statut de leader, a rapidement compris l’importance de la micro-informatique. Après le lancement de son ordinateur P.C., qui a fait exploser les ventes et a permis à IBM de coiffer Apple au poteau, la firme a décidé de s’attaquer au marché domestique avec le P.C. Junior. À un prix de base de 669 dollars, cet ordinateur visait à séduire les familles et les particuliers, mais il a également suscité des critiques acerbes. La Bourse de Wall Street a réagi rapidement, faisant chuter le cours de l’action d’IBM, et certains analystes ont même qualifié le Junior de «bâtard» en raison de ses caractéristiques techniques jugées inférieures.

En réponse à cette offensive, Apple a su évoluer. Après avoir conquis les esprits des «éclairés» – universitaires, cadres et intellectuels – la firme a commencé à développer une image plus professionnelle pour rassurer la clientèle d’entreprise. Le costume-cravate a fait son apparition chez Apple, témoignant d’une volonté de s’imposer sur le marché des entreprises tout en conservant son esprit d’innovation et de créativité.

Malgré cette évolution, les deux entreprises ne vivaient pas dans le même monde. IBM, avec son approche pragmatique et son indifférence apparente envers les critiques, continuait de tracer son chemin. Apple, quant à elle, était animée par une passion débordante pour l’innovation et la créativité, cherchant constamment à séduire un public toujours plus large. La guerre des mots et des idées entre ces deux géants de l’informatique ne faisait que commencer, et le lancement du Macintosh marquait un tournant décisif dans cette bataille.

Le Macintosh n’était pas seulement un produit, c’était une déclaration. Une déclaration que l’informatique pouvait être accessible et conviviale, que la technologie pouvait être au service de l’utilisateur et non l’inverse. Avec son interface graphique révolutionnaire, ses icônes colorées et sa souris, le Macintosh a ouvert la voie à une nouvelle manière d’interagir avec les ordinateurs. Il a permis à des millions de personnes de découvrir le plaisir de créer, d’apprendre et de communiquer grâce à la technologie.

Ce qu’en disait la presse en 1984

« Travailleur du Savoir : L’Ascension de l’Informatique avec Apple et IBM

Dans le monde effervescent de la technologie, 1984 marque une année charnière, une épopée au cours de laquelle l’intelligence humaine croise le fer avec l’innovation sans précédent. Ce moment précis a vu naître le choc titanesque entre deux géants de l’informatique : Apple et IBM, des titans qui rivalisaient non seulement sur le plan technologique, mais aussi sur le plan des idées, des visions et des aspirations. Au cœur de cette lutte se trouvait le « travailleur du savoir », un individu en quête d’efficacité, d’accessibilité et de simplicité.

Dès son lancement, le Macintosh d’Apple a sonné comme un réveil à la conscience collective. Avec le slogan provocateur « Pour que 1984 ne soit pas 1984 », Apple ne se contente pas de vendre un produit, mais propose un avenir. En se positionnant comme une alternative à l’establishment, représenté par IBM, Apple réalise un coup d’éclat. La publicité iconique, avec des images évoquant le chef-d’œuvre d’Orwell, montre un monde où la technologie est synonyme de liberté et d’innovation, plutôt que de soumission et de contrôle.

Les amateurs de technologie et les néophytes sont captivés par une vision singulière qui les place au centre de l’évolution informatique. Ce moment, rempli d’une atmosphère de camaraderie et de compétition, devient le terreau fertile pour émerger de nouvelles idées, soulignant à quel point le travailleur du savoir dépendait d’une informatique plus humaine et accessible.

Le slogan percutant « Bientôt, il y aura deux types de personnes, ceux qui utilisent les ordinateurs et ceux qui utilisent Apple » crée une dichotomie fascinante. Il met en avant un phénomène qui se dessine : la technologie informatique, à ne pas confondre avec l’informatique froide et austère que pourrait offrir IBM, devient une extension naturelle de soi pour l’utilisateur moderne. Cela signifie que ceux qui choisissent Apple ne se contentent pas d’un outil, mais adoptent un mode de vie.« 

L’Influence d’IBM

IBM, de son côté, s’appuie sur une assise solide d’expérience et de stratégie. Avec son PC Junior, elle redéfinit la manière dont l’informatique peut s’intégrer dans la vie quotidienne. En introduisant des concepts tels que l’informatique « en pantoufles », l’entreprise démontre une compréhension intuitive des besoins des consommateurs. La connectivité infrarouge du clavier à l’écran facilite une utilisation décontractée, permettant aux utilisateurs de pianoter tout en s’installant confortablement dans leur fauteuil. Ce mouvement visait à démystifier l’ordinateur, lui conférant un rôle dans le quotidien plutôt qu’un simple outil professionnel.

Cependant, qu’on se le dise, le véritable gagnant de cette saga ne sera aucun de ces géants, mais bien le client lui-même, ce fameux « travailleur du savoir ». Il est le héros de cette histoire, le point focal autour duquel gravitent toutes les innovations. Grâce à la concurrence entre Apple et IBM, il bénéficie d’une surenchère technologique à un rythme effréné. Chacune des entreprises cherche à séduire ce client toujours plus exigeant, le poussant à revoir constamment ses attentes en matière d’ergonomie, de fonctionnalité et de design.

Le travailleur du savoir, qui s’est rapidement émancipé des murs écrasants de la routine, devient le maître de son environnement numérique. Il est capable de naviguer dans ces nouveaux outils avec agilité et confiance. La souris d’Apple, avec sa petite roulette révolutionnaire, redéfinit l’interaction avec l’ordinateur. Soudain, le savoir devient accessible, et il ne s’agit plus d’un empire réservé à une élite technologique, mais d’un outil au service de tous. Le pouvoir de l’informatique n’est plus seulement technique, mais aussi créatif et intuitif.

Innovation et Compétition

La compétition entre Apple et IBM a également ouvert les vannes à une multitude d’innovations qui ont profité à une génération entière. La place pour deux géants dans le domaine de l’informatique est non seulement envisageable, mais également essentielle à l’épanouissement de cette ère technologique. Les experts prédisent que seulement 10 % du marché total est réellement exploité, promettant donc un développement extraordinaire à venir.

Mais, la route sera pavée d’embûches pour les entreprises déjà en place sur ce créneau. L’innovation constante, les récits captivants et l’engagement envers l’utilisateur final sont les clés pour survivre dans ce marché en rapide évolution. Les consommateurs sont devenus des travailleurs du savoir, non seulement consommateurs passifs, mais également acteurs de leur propre évolution numérique. La technologie s’est métamorphosée en une dynamique de co-création, où chaque interaction de l’utilisateur influence le未来 des produits. »

Il serait simpliste de réduire le conflit entre Apple et IBM à un simple duel commercial. Ce que nous observons encore aujourd’hui, c’est l’émergence d’un nouveau paradigme où le travailleur du savoir est le véritable héros. Grâce à cette compétition épique, les utilisateurs ont été équipés de tout ce qu’il leur faut pour naviguer avec assurance dans un monde de plus en plus digitalisé. Ces innovations technologiques continuent d’inspirer et de façonner la manière dont nous interagissons avec notre environnement. La promesse d’un avenir où la connaissance et l’accès à la technologie sont à la portée de tous est pleine d’espoir. « Pour que 1984 ne soit pas 1984 », certes, mais pour que l’ère numérique soit à la hauteur des aspirations humaines, où chaque individu peut devenir un véritable travailleur du savoir, armé des outils nécessaires pour façonner un monde meilleur et plus éclairé. Les révolutions ne font que commencer, et les travailleurs du savoir sont invités à prendre part à l’aventure!

Oui l’année 1984 a été un tournant décisif dans l’histoire de l’informatique. Le duel entre IBM et Apple, symbolisé par la sortie du Macintosh, a été autre chose qu’une simple bataille commerciale. Il a marqué le début d’une révolution technologique qui a façonné notre monde moderne. Alors que les «costumes-cravates» d’IBM et les «gourous en jeans» d’Apple s’affrontaient, une nouvelle vision de l’informatique émergeait, promettant de décupler l’intelligence humaine et de transformer notre rapport à la technologie. L’héritage de cette époque continue d’influencer notre quotidien, et le Macintosh reste un symbole emblématique de cette révolution. Pour le meilleurs et pour le pire peut-être ou sûrement.


Apple Inc. est une entreprise emblématique fondée le 1er avril 1976 par Steve Jobs, Steve Wozniak, et Ronald Wayne. L’histoire de la firme débute dans le garage de la maison d’enfance de Jobs à Los Altos, en Californie. Initialement créée sous le nom d’Apple Computer, la société se constitue légalement le 3 janvier 1977. Trente ans plus tard, en réponse à la diversification de ses produits, elle supprime le mot « computer » de son nom, devenant ainsi Apple Inc. le 9 janvier 2007.

Le parcours de Steve Jobs au sein de la société est marqué par des hauts et des bas. Après avoir quitté Apple en 1985, il en reprend les rênes en 1997, à un moment où l’entreprise fait face à des difficultés financières majeures. Sous sa direction, Apple connaît une transformation spectaculaire, grâce à des lancements produits phares tels que l’iMac en 1998 et l’iPhone en 2007. Son décès, survenu le 5 octobre 2011, laisse un héritage indélébile, et Tim Cook lui succède dans la direction de la société.

La philosophie d’Apple repose sur une approche d’intégration verticale, combinant innovation, esthétique et ergonomie, ce qui lui permet de se bâtir une réputation inégalée dans le secteur de l’électronique grand public. Les campagnes publicitaires audacieuses et l’identification des consommateurs à la marque renforcent cette image. De 2006 à 2013, le magazine Fortune la classe parmi les entreprises les plus admirées au monde. En 2011, Apple devient un leader incontesté sur le marché boursier, atteignant une capitalisation de 2 000 milliards de dollars en août 2020, marquant ainsi une nouvelle ère dans l’histoire des entreprises privées.

Cependant, cette ascension fulgurante n’est pas sans controverses. La société fait l’objet de critiques concernant les conditions de travail dans ses usines en Asie, notamment en Inde et en Chine. De plus, son impact environnemental soulève des questions éthiques, tandis que ses pratiques commerciales sont également scrutées. Ainsi, bien qu’Apple soit une icône de l’innovation technologique, elle doit également naviguer dans les défis moraux et sociaux inhérents à une empreinte globale aussi significative.

Gérard Flamme

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