20 pièces, 6 co-fondateurs, 6 experts horlogers . La marque, c’est six personnalités, peu ou pas connues du public et pourtant centrales dans le système horloger suisse.
ARTIME a été fondée en 2021 aux Brenets, entre Le Locle et le Doubs. Pour ceux qui ne connaissent pas c’est entre la Suisse et la France. Dans une vallée qu’on qualifierait plutôt de « perdue ». Si vous n’avez pas de géolocalisation vous risquez de vous perdre. Et pourtant c’est là que le génie horloger suisse se renouvelle.
Les relations chaleureuses qui les unissent, alimentées par la bienveillance mutuelle, leur humour et la profonde bienveillance qui les animent, voilà autant le fondement d’Artime que le niveau d’exigence horlogère qu’ils se sont imposé. Ensemble, Fabrice Deschanel, Didier Bretin, Manuel Thomas, Claude Emmenegger, Emmanuel Jutier et Stéphane Maturel sont les créateurs de cette nouvelle marque.
La liberté, si précieuse
Aujourd’hui, leurs vocations, leur exigence et leur savoir-faire cumulé inégalé convergent. Leurs parcours ont alterné entre la réalisation de projets définis par les clients, la pérennisation de concepts existants et parfois des éclairs d’invention. C’est pour mettre ce dernier au centre de leur processus de création que l’équipe d’Artime a choisi d’être indépendante et d’imaginer, Innover, Combiner des paramètres qui, pris individuellement, représentent le summum de l’art horloger et qui, pris ensemble, constituent Artime. Leur premier geste créatif prend désormais forme dans l’ART01.
ART01 – « Opération Super Ajouré »
L’ART01 est une montre-bracelet avec un boîtier alternant entre le saphir transparent et le titane. Sa forme ronde aux cornes monobloc abrite un mouvement en or gris à code tridimensionnel, équipé d’un régulateur tourbillon une minute et commandé par un sélecteur de fonction. Il mesure 42 mm de diamètre pour 11,4 mm de hauteur et est monté sur un bracelet en cuir de veau grainé noir avec une boucle déployante en titane. Chacune de ces caractéristiques est à la surface un résumé de ce qu’est vraiment l’ART01.
Arcs dramatiques
Puisque l’horlogerie est fille de la sophistication technique, puisqu’elle existe grâce au soin apporté au moindre détail, l’ART01 est en fait un système très élaboré. Dont l’ampleur ne devient perceptible qu’au poignet et après un examen minutieux, intérieur comme extérieur. C’est alors seulement que le mouvement et l’extérieur, la forme et la fonction, l’invention et l’usage se révèlent dans leur nature : comme intimement liés. Une inspiration architecturale les traverse. L’œuvre de Santiago Calatrava a fortement marqué le designer Claude Emmenegger et Didier Bretin, qui ont donné le ton en orchestrant ce premier mouvement. Ainsi, les ponts sont arqués avec une courbure subtile. Ce n’est pas seulement un choix esthétique, mais aussi structurel. Les ponts ne sont ni juxtaposés, ni adjacents. Ils sont imbriqués. Leurs bases sont taillées comme des blocs façonnés pour s’emboîter comme dans la maçonnerie cyclopéenne. Cela nécessite des usinages d’une précision sans compromis et des alignements parfaits.
Fleur en cage
Le tourbillon, tout aussi architectural, a lui aussi été créé ex nihilo. De la même manière que le projet a été développé en toute liberté, l’organe réglant rotatif de l’ART01 a été conçu sans contraintes. La cage, entre un pont supérieur et inférieur, est d’une forme entièrement nouvelle. Il est construit sans les piliers qui relient habituellement les parties supérieure et inférieure, libérant l’espace nécessaire à l’organe régulateur. Ici, la cage forme un ensemble tridimensionnel dont la signature visuelle – élément différenciateur fondamental pour tout horloger – est une forme à trois bras, chaque tige s’évasant comme une fleur stylisée. L’ajourage caractérisant les ponts s’étend jusqu’aux confins de la cage, créant un nouveau point focal visuel. Cette forme à trois bras aux extrémités ouvertes se retrouve sur tout le rouage, y compris le barillet à midi.
Cœurs siamois
La roue d’ancre latérale est en or, tout comme les autres parties de ce cœur battant. L’échappement est cadencé à 3 hertz par un balancier à inertie variable muni de vis réglantes en or. Deux spiraux sont reliés à son centre, installés concentriquement et fonctionnent en opposition de phase ; ils sont fournis exclusivement par « Precision Engineering », l’un des fabricants les plus renommés dans ce domaine. Les avantages de cet agencement à double spiral sont multiples. Il assure un meilleur facteur de qualité, une meilleure inertie et surtout une parfaite concentricité de la « respiration » du ressort de réglage. Le résultat est moins de contraintes sur les pivots et par conséquent une plus grande précision de fonctionnement. Le soin apporté au réglage final est très particulier. Il ne s’agit pas d’un tourbillon de spectacle – bien qu’il en fasse l’effet – mais bien d’un tourbillon chronométrique.
Contrôle du bout des doigts
Au sein de cet orchestre de systèmes techniques, l’un des plus discrets et sophistiqués est mis au service de l’ergonomie. Eliminant les inconvénients et la gêne d’une couronne conventionnelle, celle de l’ART01 ne se tire pas. Au lieu de cela, il est poussé pour contrôler le sélecteur de fonction. On accède à ses trois positions – neutre, remontage, mise à l’heure – par simple pression sur la couronne. La position courante peut être lue à partir d’un indicateur satellite, qui circule sous les trois inserts en saphir des fonctions – N pour neutre (ou fonctionnement normal), R pour ‘remontage’, et H pour ‘heure’ ou mise à l’heure – qui se révèlent par contraste. Ce système n’est pas nouveau, mais il se trouve que les membres fondateurs d’Artime en sont les premiers inventeurs.
De plus, ce sélecteur de fonctions intègre un mécanisme unique composé d’une roue à colonnes à double fonction et d’un embrayage vertical. Cette approche de conception, hors des sentiers battus et hors des canons horlogers, traverse l’ensemble du calibre.
Boîtier et mouvement intégrés
Dans une conception de montre classique, les éléments sont superposés dans une pile très distincte. Fond, ponts, rouage, platine, cadran, lunette, glace, carrure, telle est la disposition habituelle. Dans le cas de l’ART01, cet ordre établi est bouleversé par la façon dont les éléments semblent fusionner. Le calibre n’a pas de platine, pas même ajourée. Les ponts sont directement fixés dans la carrure. Ici, dans cette première édition, il s’agit d’un bloc de titane. « Il sert d’amphithéâtre, pour centrer et identifier la pièce. Il a son propre rythme avec ses colonnes visibles à travers le saphir », explique l’équipe d’Artime.
La lunette ronde et très fine est sertie sur le saphir, lui-même serti sur la carrure. Cette interaction structurelle remplit une fonction non seulement décorative mais aussi technique. La manière dont cet ensemble a été conçu fait l’objet d’une demande de brevet. Au-delà de son unicité, c’est le résultat visuel qui est le plus important. L’œil ne peut pas voir où l’un se termine et l’autre commence, créant une «légèreté» et une apparente minceur qui démentent les dimensions de l’ART01. Avec 42 mm de large et 11,40 mm d’épaisseur, cette montre donne une toute autre impression au poignet.
Matériaux d’équilibrage
L’objectif est de libérer un maximum d’espace et de créer une signature visuelle au poignet. Pour créer une impression dynamique, une tension dramatique entre les composants qui peut être lue à partir du profil des ponts. La légèreté au sens de poids minimum n’est cependant pas une priorité pour Artime. L’aspect des surfaces, leurs reflets, leurs finitions, l’alternance du mat au poli, les chanfreins, répondent à de pures exigences visuelles. C’est pourquoi les concepteurs de l’ART01 ont évité le laiton rhodié conventionnel. Ils n’ont pas non plus choisi le titane, connu pour sa légèreté mais sa formidable rigidité permettant des prouesses architecturales. Au lieu de cela, ils ont choisi l’or blanc, un matériau qui met en valeur les nombreuses finitions pratiquées par les horlogers d’Artime. Sablage, étirage, trottoirprofilage, chanfreinage, les états de surface alternent selon un rythme qui suit les fonctions. L’or et le titane, intérieur et extérieur, sont ainsi traités avec le même niveau de qualité.
Pourtant, la composition de l’ART01 est loin d’être monochrome. Premièrement, l’or, le titane et les quelques pièces en acier ont chacun leur propre nuance de gris. De plus, les changements de types de décors enrichissent les nuances, encore plus modulées par la lumière apportée par le saphir, selon qu’il est plat ou biseauté. Enfin, deux éléments se distinguent : huit rubis, sur un total de 25, sont sertis dans des chatons en or rouge ; et la roue d’ancre, également en or rouge. Subtiles mises en valeur, elles soulignent les éléments structurants essentiels du mouvement.
Dans les moindres détails
Dans son ensemble, cette création artistique s’inspire d’une « éthique de la finition » acquise en travaillant sur les projets les plus exigeants que l’industrie horlogère ait jamais connus au cours des deux dernières décennies. Par exemple, les vis du boîtier sont elles aussi finies comme des pièces de haute horlogerie : dessus satiné, fond sablé, tête chanfreinée. Quant aux ponts, composants vedettes du calibre, ils brillent par leur dynamisme, mais aussi par leur état de surface. « Avec l’or, vous pouvez obtenir un effet de polissage soyeux et assez expressif. Même la sensation du finisseur transparaît dans les différences de lustre. »s’enthousiasme l’équipe. Dans le même temps, l’importance visuelle d’un composant particulier ne dicte pas le soin qui lui est apporté. Toutes les pièces sont égales aux yeux de ces artisans. Ainsi, les roues sont elles aussi en or, taillées et conçues ad hoc et décorées au même niveau élevé. Cette approche horizontale où chaque geste est appliqué avec une égale sophistication se prolonge jusqu’à la boucle, une création entièrement originale finie avec le même souci du détail que la cage du tourbillon.
Temps bien dit
Si la structure du mouvement impressionne par sa clarté, si la couronne suit des principes ergonomiques, la fonction première de l’ART01 doit également offrir le même niveau d’efficacité. Cet impératif, associé à la recherche d’une esthétique moderne, a guidé la création de la piste des heures et des aiguilles. La première, très finement entretenue, fait partie intégrante du bloc de saphir, rythmée par de grands index ronds cerclés de noir et décorés d’une substance luminescente blanche qui émet une lueur bleue en basse lumière.
Les aiguilles résonnent de leur propre code couleur : noires, ouvertes et terminées par une pointe hexagonale de la même couleur que les index des heures. L’aiguille des minutes dessine une forme plus allongée et l’aiguille des heures, un polygone plus régulier, est également plus large. Cette même figure géométrique, en forme de cartouche, sert d’écrin à la signature de la marque Artime. Sur cette première création, le nom de son créateur, Didier Bretin, apparaîtra aux côtés d’Artime.
Informations pratiques
Artime: du 27-31 MARS 2023 BEAU RIVAGE HOTEL, GENEVA
Suite 121 1st floor 13 quai du Mont-Blanc
Gérard Flamme
Avec l’aimable autorisation de Artime