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Et le Moyen Age inventa le couscous

Et le Moyen Age inventa le couscous

AH le couscous… l’huile d’olive, la graine, la tomate. Ce plat emblématique des cuisines d’Afrique du Nord, qui a su traverser les âges tout en se réinventant à chaque rencontre avec de nouvelles cultures, est véritablement un joyau gastronomique.

En effet, la véritable histoire du couscous débute au Moyen Age, une époque marquée par l’échange, l’invention et la créativité. Bien que ses origines exactes demeurent encore floues, ce plat exquis aurait vu le jour au sein des communautés rurales du Maghreb, un lieu où les traditions se mêlent à des influences diverses, et où la créativité culinaire prend tout son sens.

Les racines du couscous

Le couscous, c’est bien plus qu’une simple recette ; c’est un art qui a su évoluer au fil du temps. Originaire plus probablement des Berbères que des Arabes, le couscous s’est développé dans le Maghreb occidental et central, englobant le Maroc et l’Algérie actuels. Ces régions riches en culture et tradition ont vu le couscous émerger comme un plat fait pour être partagé, une célébration de la vie et des récoltes. Imaginez les marchés animés, les personnages colorés, les arômes enivrants qui émanent des cuisines, tout cela pendant que la semoule de blé dur est soigneusement préparée !

Au fur et à mesure que le couscous se répandait, il parvenait à capter l’essence des régions où il se posait. De sa terre natale, ce plat a inévitablement trouvé son chemin vers la péninsule Ibérique, à travers Al-Andalus, et s’est ensuite aventuré vers les rives du Maghreb oriental, allant jusqu’à toucher la Sicile. Chaque escale ajoutait ses propres épices, ses propres influences, rendant le couscous aussi varié que les paysages d’où il tirait ses origines.

Le couscous à travers l’histoire

La documentation historique du couscous commence à prendre forme au XIIe et XIIIe siècles, moment où le terme arabe « kuskusu » commence à apparaître dans les livres de cuisine de l’Occident islamique. Ces écrits, fascinants et révélateurs, témoignent non seulement de l’importance de ce plat dans la cuisine, mais aussi des nuances qui l’entourent. Dans les récits de sainteté, on trouve même mention d’un repas où le taam (nourriture) est présenté, offrant un aperçu des débuts de cette recette traditionnelle.

Les plus anciens écrits que nous connaissons, tirés d’ouvrages comme « Genre de pharmacopées dans la préparation de toutes sortes de mets » et « Les Délices de la table », décrivent avec soin les multiples facettes du couscous. Oui, ces livres nous permettent de découvrir non seulement les recettes, mais aussi les rituels et les occasions de sa consommation. Imaginez : parmi près de 900 recettes, huit sont spécifiquement dédiées au couscous ! L’une d’elles mentionne même un couscous arrosé de bouillon, communément connu et prisé à l’époque.

La préparation du couscous : un rituel sacrément délicieux

Il est essentiel de noter que la préparation du couscous n’est pas simplement un acte culinaire, mais un véritable rite. Les instructions laissées par Ibn Razin al-Tujibi sont précises, presque poétiques. Rouler la semoule dans les paumes jusqu’à obtenir des grains de la taille de têtes de fourmi, voilà un geste empreint de finesse. Chaque étape, chaque ingredient, des légumes de saison aux épices, est minutieusement choisi pour apporter une harmonie de saveurs. On imagine la joie qui devait animer les foyers lors de ces préparations, où chaque membre de la famille s’impliquait dans la confection du plat, unissant ainsi leurs efforts pour créer une œuvre collective.

Le bouillon lui-même mérite une attention particulière : composé de viande de boeuf, d’épices comme la cannelle ou le gingembre, et de légumes frais, il représente à lui seul la quintessence du goût. Le moment tant attendu où la semoule imbibée de bouillon est dressée avec soin, entourée par des morceaux de viande et des légumes colorés, est une véritable célébration des sens.

Une diversité à savourer

Ce qui rend le couscous si fascinant, c’est sa capacité à se transformer et à s’adapter. Les recettes varient non seulement en fonction des régions, mais aussi des saisons et des occasions. Par exemple, on pourrait retrouver un couscous fait de miettes de pain, offrant une expérience tout aussi savoureuse et différente, ou bien un couscous régalant avec des prunes et des navets, demonstrating ainsi la flexibilité de ce plat.

Le fait que les recettes aient pu se transmettre de génération en génération témoigne de l’importance de ce plat dans la culture gastronomique de l’Afrique du Nord. Chaque famille a sans doute sa version, son secret, ce qui en fait un plat vivant, plein d’histoires et de souvenirs hétéroclites.

Les Variations actuelles du couscous : Un voyage culinaire à travers le temps

Le couscous ! Rien qu’en prononçant ce mot, les sens s’éveillent, et l’esprit s’évade vers des horizons riches en saveurs. Plutôt qu’un simple plat, le couscous est une expérience, une aventure sensorielle qui unit les gens autour de la table et transcende les frontières culturelles. À travers les âges et les continents, il a su s’adapter, se transformer et se diversifier, tout en restant une pierre angulaire de la gastronomie méditerranéenne et au-delà. Plongons ensemble dans cet univers fascinant des variations actuelles du couscous !

Dès le Moyen Âge, ce plat emblématique s’est fait une place de choix dans la cuisine des communautés rurales, où il servait non seulement de symbole de convivialité, mais aussi de moyen de préserver les céréales emmagasinées, comme le blé dur. En effet, la graine de couscous était un atout précieux pour les paysans, qui puisaient dans les ressources de leurs terroirs pour agrémenter ce met. Légumes, laitages, viandes, et épices venaient enrichir le couscous, en offrant une palette de goûts aussi variée que les paysages qu’il traversait.

Ce qui est particulièrement fascinant, c’est la capacité du couscous à évoluer. Au fil des siècles, il a conquis les palais des élites urbaines, à tel point qu’il figure dans les livres de cuisine médiévaux, témoignant de son ascension. Le célèbre voyageur Ibn Battuta, au XIVe siècle, nous relatant ses pérégrinations, mentionne même un couscous de fonio, dans l’Afrique sahélienne, illustrant ainsi l’étendue et la diversité de ce plat.

Aujourd’hui, le couscous revêt de nombreuses formes en fonction des régions. Prenons par exemple le k’sksu qadra du Maroc – une merveille de saveurs sucrées où la semoule de blé est enrichie d’oignons, de raisins secs et d’une pincée de cannelle. Cette version illustre à merveille l’harmonie entre le sucré et le salé, une caractéristique appréciée dans de nombreuses cultures.

À Kabylie, le couscous, appelé mesfuli ou mesfuf, se savoure au goût sucré, souvent agrémenté de beurre, de graisse et de raisins secs. Un vrai délice qui illustre la diversité des pratiques culinaires, qu’il s’agisse de se prêter à des adaptations locales ou de revisiter des recettes ancestrales. Le couscous se réinvente encore, remplaçant le blé dur par de l’orge dans des plats tels que l’abelbul, présent au Maroc et en Algérie, ou par du sorgho, connu sous le nom de aferfur. Même les variétés comme le couscous de manioc (attiéké) ou le couscous de mil (bassi salté) enrichissent encore ce panorama déjà foisonnant.

Ne laissons pas de côté le couscous trapanese, qui prend racine en Sicile, où le poisson de roche et son bouillon savoureux se marient délicieusement à cette semoule si prisée. Ces variations géographiques, tout comme celles liées aux ingrédients, illustrent la capacité du couscous à s’adapter aux goûts et aux ressources disponibles de chaque région.

L’une des révélations les plus étonnantes de la vaste famille du couscous serait sans doute le couscous de maïs, connu sous le nom de baddaz, qui, sorti tout droit de la terre américaine, n’était pas imaginable pour les communautés du Moyen Âge. Ce plat témoigne de l’évolution et des échanges culturels qui ont marqué notre histoire gastronomique.

La popularité du couscous a littéralement explosé au XXe siècle, notamment en France, où il a trouvé une place de choix dans le cœur et dans les assiettes des Français, notamment dans les années 1960. Il s’est transformé en symbole de la cuisine maghrébine, ravissant les palais par sa simplicité et ses goûts toujours authentiques.

Au-delà de son coût modéré et de sa facilité de préparation, le couscous incarne également des moments de partage et de convivialité. Qu’il soit préparé pour une célébration, un dimanche en famille ou simplement pour un repas de semaine, il invite à se rassembler autour de la table et à célébrer l’art de vivre ensemble.

Le couscous, né humblement au Moyen Age, continue de se rhabiller d’un manteau de nouveaux ingrédients, de nouvelles appréhensions, et surtout de nouvelles histoires. Sa trajectoire est celle d’un voyage culinaire, témoignant de l’histoire humaine au travers des âges et des civilisations. Que ce soit pour un repas festif en famille, un déjeuner ensoleillé ou un dîner entre amis, le couscous nous rappelle la valeur du partage et de la convivialité. Ce plat n’est pas seulement une somme d’ingrédients, mais un symbole d’amour, de culture et d’identité.

Gérard Flamme

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