C’est un projet exceptionnel qui veut transformer le paysage culturel et économique de la région de Salé : la création de la nouvelle Cité de l’artisanat et de l’Art.
Ce projet audacieux, dévoilé par l’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg, s’étendra sur une superficie impressionnante de 13 hectares. En remplaçant l’ancienne Cité des potiers d’Oulja, cette initiative marque un tournant décisif dans la mise en valeur des talents artisanaux et artistiques marocains, tout en positionnant Salé comme un phare d’attraction touristique entre Rabat et Salé.
Le projet, qui nécessitera un investissement important démontre bien l’ambition et la détermination des autorités locales à relancer l’artisanat dans cette région riche en savoir-faire traditionnels. Des architectes de renom ont été choisis à l’issue d’un concours pour donner vie à cette vision novatrice. En seulement 24 mois, nous aurons le plaisir de découvrir un lieu vibrant, un concentré de créativité où l’art et l’artisanat seront célébrés dans toute leur splendeur.
Un projet riche en diversité
La Cité de l’artisanat et des arts ne sera pas qu’un simple espace d’exposition ; elle se positionne comme un véritable écosystème dédié aux métiers d’art. Imaginez un lieu où la poterie, la céramique, la sculpture et la création d’objets en terre s’unissent en parfaite harmonie. Les artisans de la région bénéficieront de structures modernes avec des ateliers adaptés, allant de 40 à 100 m², spécifiquement conçus pour mettre en valeur leur savoir-faire. Ce cadre à la fois esthétique et fonctionnel constitue un renouvellement éclatant par rapport à l’ancienne Cité des potiers, jugée inadéquate.
Et ce n’est pas tout ! La Cité sera également une vitrine pour les autres formes d’arts traditionnels : la vannerie, les objets en matériaux végétaux, et bien d’autres disciplines seront représentés. Cela témoigne d’une volonté forte de préserver le patrimoine culturel tout en l’adaptant aux attentes contemporaines des visiteurs et des consommateurs.
Une immersion dans le patrimoine artisanal
Les acteurs de l’artisanat, souvent confrontés à des défis divers, verront leur travail reconnu et valorisé au sein de cet ensemble dynamique. En effet, durant la durée des travaux, les artisans seront relocalisés sur un site temporaire dédié, garantissant ainsi la continuité de leurs activités. Cela témoigne d’un respect et d’une considération pour leur savoir-faire, tout en montrant l’engagement des autorités à soutenir leurs efforts.
L’expérience des visiteurs va également être enrichie de manière significative. La nouvelle Cité intégrera des services variés et modernes, des promenades aménagées qui inviteront à la flânerie, et même une zone de restauration (food-court) où les visiteurs pourront savourer les délices culinaires marocains. On peut déjà imaginer les rires des familles, les discussions animées des amis, et l’émerveillement des enfants au contact des artisans et de leur magie créative.
Un élan vers l’avenir
L’Agence pour l’aménagement de la vallée du Bouregreg n’a pas seulement l’ambition de construire un bâtiment ; elle souhaite créer un espace vivant où la culture se rencontre avec l’économie. Ce projet s’inscrit dans une vision à long terme d’un développement durable qui valorise le talent des artisans tout en offrant une expérience unique aux visiteurs. La Cité de l’artisanat et de l’Art deviendra sans aucun doute un pôle d’attractivité incontournable, renforçant l’identité culturelle de la région tout en stimulant l’économie locale.
Mais en contre La Tragédie du Complexe d’Oulja : L’Artisanat Marocain en Péril
Le complexe d’Oulja, juché gracieusement sur les rives du majestueux fleuve Bouregreg, est bien plus qu’un simple site — c’est le cœur vibrant de l’artisanat traditionnel marocain. À quelques minutes des cités dynamiques de Rabat et de Salé, Oulja incarne l’essence même de la créativité populaire, un lieu où l’argile prend forme sous les mains expertes des artisans, un endroit où chaque rue est empreinte de l’histoire et de la passion d’un peuple. Toutefois, aujourd’hui, ce sanctuaire culturel est à la croisée des chemins, confronté à une démolition qui engendre une profonde mélancolie et des inquiétudes grandissantes.
Oulja n’est pas seulement un ensemble d’ateliers où l’on façonne la poterie, la dinanderie, et la vannerie ; c’est un espace où le savoir-faire ancestral se transmet de génération en génération. Les artisans, véritables gardiens de traditions séculaires, se sont établis ici pour faire vivre leurs métiers tout en alimentant leurs familles. Cependant, avec la décision des autorités locales de procéder à des démolitions sans justification apparente, les artisans font face à une situation de désespoir insupportable. Un artisan, qui a consacré sa vie à l’art de la poterie depuis 1988, témoigne avec une sincérité poignante : « En tant qu’artisan traditionnel, où vais-je aller ? À mon âge, je ne peux pas changer de métier. »
Ce cri du cœur témoigne non seulement d’un attachement profond à leur art, mais aussi de la crainte de l’inconnu face à une décision qui fragilise non seulement leurs moyens de subsistance, mais aussi l’identité culturelle qui coule dans leurs veines. Plus de 700 artisans, avec des familles à nourrir, sont directement affectés par cette situation. La perte de leurs ateliers ne signifie pas seulement la perte de leur emploi, mais également un déchirement de leurs racines culturelles et de leur héritage.
Aussi, l’indifférence apparente des autorités locales suscite l’étonnement et l’angoisse parmi les artisans. Après des tentatives infructueuses de contact avec les responsables, beaucoup se sentent abandonnés. Un autre membre de la communauté artisanale s’adresse à la population avec une lueur d’espoir : « Nous appelons maintenant le Roi Mohammed VI à intervenir pour résoudre cette situation. » Un appel à l’aide qui résonne comme un dernier espoir pour préserver non seulement leur mode de vie, mais également l’âme d’Oulja.
Les compensations offertes aux artisans, qui sont largement insuffisantes, alimentent encore plus le sentiment d’injustice. « On nous propose 250 dirhams pour notre terre de 6000 mètres carrés, alors qu’on nous avait précédemment proposé entre 10.000 et 15.000 dirhams. C’est inacceptable », déclare un artisan, exprimant une frustration palpable.
La solution proposée par les autorités, consistant à relocaliser les artisans vers la ville de Salé, semble illusoire. Les artisans rapportent que cette proposition, loin d’être un refuge, semble plutôt une forme d’exil. « Personne n’est parti », s’écrie un artisan, révélant ainsi le désespoir face à cette solution inadaptée. Le sentiment de dégonfler des structures établies après des décennies de labeur persiste, et même les artisans les plus reconnus doivent plier devant la pression.
Pour les artisans d’Oulja, la démolition imminente de leur complexe symbolise plus qu’une simple érosion de leur espace de travail. C’est une véritable destruction de leur identité, un déchirement des liens qui unissent les générations. « Nous avons élevé nos enfants avec ce métier, et maintenant nous sommes expulsés. Que faire ? Recourir à des actes illégaux ? » se demande un autre artisan, illustrant la désespérance qui s’est emparée de ces travailleurs acharnés, qui ont contribué à la richesse culturelle du Maroc.
Le complexe d’Oulja est bien plus qu’un lieu ; il est le reflet d’une communauté, d’un échange permanent entre l’artisan et la terre. Chaque pièce façonnée dans cet atelier raconte une histoire, une séquence de gestes répétés avec amour et dévotion. La démolition de ce site emblématique représente une perte irréparable, une blessure ouverte dans le cœur de ceux qui consacrent leur vie à l’artisanat.
Il est impératif que les autorités prennent conscience de la gravité de la situation. Le sort des artisans d’Oulja ne doit pas être une simple question administrative, mais une préoccupation morale et sociale. Il est temps de chercher des solutions équilibrées, qui pourront à la fois préserver l’héritage culturel de ce lieu et garantir la survie économique de ses artisans.
De fait,l’artisanat marocain est à un carrefour décisif. Le complexe d’Oulja, ce bastion de savoir-faire traditionnel, mérite sûrement d’être préservé pour les générations futures. En tant que société, nous devons veiller à ce que l’artisanat soit préservé et valorisé. Cela signfie développer des plans pour que les compétences soient transmises. La richesse d’un pays réside dans sa diversité culturelle et artisanale, et il est de notre devoir de la défendre avec passion et détermination. Oulja doit vertainement rester debout, comme un symbole vivant de la créativité, de l’histoire, et du cœur battant du Maroc.
Pour autant, la création de la Cité de l’artisanat et de l’Art à Salé est une initiative enthousiasmante qui augure de belles promesses. Nous avons envie d’être éblouis par un lieu qui saura allier tradition et modernité, arts et artisanat. Cette nouvelle cité doit être plus qu’un simple espace : elle doit être un hommage vibrant à la richesse du patrimoine marocain, un symbole de créativité et d’innovation, et un point de convergence pour tous ceux qui aspirent à découvrir ou redécouvrir les merveilles de l’artisanat. L’aventure commence maintenant, et elle s’annonce grandiose !
Gérard Flamme